par Andreas Cremer
BERLIN (Reuters) - Le puissant président du conseil de surveillance de Volkswagen (XETRA:VOWG), Ferdinand Piëch, a démenti jeudi préparer une deuxième tentative d'éviction du président du directoire, Martin Winterkorn, alors que les tensions entre les deux hommes ont déclenché une crise ouverte au sein du premier constructeur automobile européen.
La radio allemande NDR a rapporté jeudi que le président du conseil de surveillance souhaitait débarquer son ancien protégé, avec lequel il a pris publiquement ses distances, avant l'assemblée générale annuelle prévue le 5 mai.
Ferdinand Piëch ne s'estime pas lié par la décision prise le 17 avril par le comité de direction du conseil de surveillance de réaffirmer son soutien à Martin Winterkorn et il cherche donc désormais à obtenir le soutien des actionnaires familiaux dans le but de remplacer le président du directoire, a ajouté NDR sans citer de sources.
"Nous avons discuté la semaine dernière et nous nous sommes mis d'accord pour coopérer", a dit Ferdinand Piëch selon des propos rapportés par le quotidien Bild. "Je ne pousse pas à la démission de Martin Winterkorn."
Le bureau de Piëch à Salzbourg a refusé de commenter ces informations et VW a déclaré n'avoir rien à ajouter au communiqué du 17 avril qui exprimait un soutien total à Martin Winterkorn.
SALARIÉS ET BASSE-SAXE SOUTIENNENT WINTERKORN
Les syndicats, qui détiennent la moitié des sièges au conseil de surveillance du constructeur, et le Land de Basse-Saxe, qui a 20% des droits de vote, ont confirmé jeudi leur soutien à Martin Winterkorn.
NDR avait auparavant dit qu'ils pourraient le lui retirer si les actionnaires familiaux s'accordaient sur son départ.
"Pour nous, la décision de la semaine dernière reste valide", a déclaré le président du conseil d'entreprise de VW, Bernd Osterloh, cité par Bild. Le Land de Basse-Saxe a fait savoir de son côté que la décision du 17 avril demeurait le fondement de l'attitude de son Premier ministre, Stephan Weil.
Ferdinand Piëch, 77 ans, est le patriarche du clan au pouvoir chez Volkswagen. La famille, au sein de laquelle on retrouve son cousin Wolfgang Porsche, détient 50,7% des droits de vote du constructeur de Wolfsburg.
Les tensions entre Piëch et sont ancien protégé ont monté au fur et à mesure que ce dernier prenait de l'assurance, disent des sources au fait du dossier.
Des sources ont aussi dit à Reuters que Piëch était très mécontent de la performance de VW ces cinq derniers mois, surtout aux Etats-Unis, où les ventes du constructeur sont loin d'avoir atteint leurs objectifs.
L'action VW a chuté de près de 10% depuis les déclarations de Piëch sonnant comme un désaveu de Winterkorn et la capitalisation du constructeur a perdu 10 milliards d'euros. Elle a pris 0,84% jeudi en clôture à Francfort.
L'analyste de NordLB Frank Schwope ne croit pas que Piëch arrivera à rallier une majorité du conseil en faveur d'un départ de Winterkorn d'ici à l'AG du 5 mai mais il estime que le groupe pourrait se retrouver en situation de blocage.
"Ce serait très problématique si la situation actuelle devait se transformer en feuilleton", dit-il.
(Avec Jan Schwartz, Marc Joanny et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)