Les immatriculations de voitures neuves dans l'Union européenne ont connu en septembre leur plus fort recul depuis près de deux ans, avec des constructeurs automobiles généralistes à la peine.
Les ventes des 27 pays membres de l'UE (hormis Malte) ont baissé de 10,8% en données brutes sur un an à 1,099 million d'unités, selon un communiqué de l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) paru mardi.
Il s'agit du douzième mois de repli consécutif et du plus important depuis octobre 2010.
Septembre est traditionnellement un gros mois pour les ventes de voitures, avec des journées "portes ouvertes" chez les constructeurs et le renouvellement des flottes d'entreprises mais ces effets ne se sont pas fait sentir cette année.
Pratiquement tous les marchés sont dans le rouge. La baisse est particulièrement prononcée pour la France (-17,9%), l'Italie (-25,7%) et l'Espagne (-36,8%).
L'Allemagne a vu ses immatriculations reculer de 10,8%. Seule exception, le marché britannique est en hausse de 8,2%.
"Le signal le plus inquiétant vient d'Allemagne", estime Carlos Da Silva, analyste chez IHS Automotive à Paris. Le plus gros marché automobile du Vieux continent s'est bien tenu jusqu'en juin, avant de s'essoufler pendant l'été et de plonger en septembre.
Le recours massif aux ventes dites "zéro kilomètre", c'est-à-dire à prix réduit, n'a pas réussi à inverser la tendance, comme le montre une étude publiée mardi par le Centre de recherche automobile CAR basé en Allemagne. Elles ont représenté un tiers des immatriculations totales du pays le mois dernier.
A l'inverse, la bonne résistance du marché britannique s'explique, selon M. Da Silva, par les gestes commerciaux faits par les concessionnaires et les facilités de financement proposées aux particuliers.
L'offensive sud-coréenne se poursuit
Les constructeurs généralistes subissent de plein fouet la morosité des marchés. Le numéro un européen, l'allemand Volkswagen, qui a jusqu'ici plutôt bien résisté à la morosité ambiante, a perdu 8% à 261.900 unités.
Le recours en Allemagne, son premier marché européen, à des ventes "zéro kilomètre" ne lui a pas permis de sauver la mise. Cela "démontre que les réticences des consommateurs ont aussi atteint Wolfsbourg", siège du groupe, commente le directeur du centre de recherche CAR Ferdinand Dudenhöffer.
Les autres ne font pas mieux dans l'UE. Les américains Ford et General Motors ont perdu respectivement 14,9% et 16,2%, l'italien Fiat 18,5% et le français PSA Peugeot Citroën, numéro deux européen, 8,1% à 119.500 unités. La chute est encore plus forte pour son compatriote Renault (-29,5%). La marque au losange avait connu un boom de ses immatriculations en septembre 2011 après avoir eu des problèmes d'approvisionnement sur un moteur diesel et en subit à présent le contre-coup.
Les marques sud-coréennes Hyundai et Kia ont poursuivi, en revanche, leur offensive, avec des progressions de leurs ventes de 3,9% et 3,4%. Cette percée a conduit la France à demander à Bruxelles la remise à plat de l'accord de libre-échange signé avec la Corée du Sud.
Ce sujet a aussi fait l'objet lundi d'une rencontre entre l'ambassadeur sud-coréen à Paris Hye-min Lee et le ministre du Redressement productif français, Arnaud montebourg, qui a dénoncé "des stratégies commerciales particulièrement agressives".
Sur neuf mois, le repli des immatriculations dans l'UE atteint 7,6%, là encore avec des résultats contrastés selon les pays, ceux du sud étant les plus affectés.
Pour l'ensemble de l'année, les analystes d'Ernst & Young tablent sur un recul compris entre 6 et 7%, seul le Royaume-Uni restant dans le vert.