Un mariage entre les compagnies aériennes américaines American Airlines et US Airways, qui semble se préciser, donnerait naissance à un nouveau géant mondial sur un marché qui s'est déjà beaucoup concentré ces dernières années.
Leurs conseils d'administration se réuniront mercredi pour discuter de la fusion, avec une annonce possible le jour même ou jeudi, affirme le Wall Street Journal, une information que les responsables des deux compagnies ont refusé de commenter.
"Les discussions sont toujours en cours mais aucune décision n'a été prise", a indiqué lundi une source proche du dossier.
US Airways avait évoqué dès début 2012 la perspective d'un mariage avec American, une idée qui avait reçu quelques mois plus tard le soutien des représentants syndicaux.
La maison-mère en faillite d'American, AMR, au départ opposée à l'opération, avait finalement annoncé en août qu'elle discutait avec US Airways en vue d'une éventuelle fusion.
"On a probablement passé le point de non retour", estime John Thomas, spécialiste des questions aériennes pour la société L.E.K Consulting.
La fusion entre American et US Airways s'ajouterait à une longue liste de rapprochements dans le secteur aérien. Les concurrentes United et Delta Air Lines se sont hissées aux deux premières places sur le marché américain en achetant respectivement leurs concurrentes Continental et Northwest Airlines.
En Europe, British Airways a notamment fusionné avec l'espagnole Iberia pour former IAG, Air France s'est rapprochée de la néerlandaise KLM et l'allemande Lufthansa a racheté Swiss, Austrian et Brussels Airlines.
Ensemble, American et US Airways afficheraient une flotte d'environ 1.530 appareils et un chiffre d'affaires combiné de 38,7 milliards de dollars en 2012, légèrement supérieur à ceux de United Continental (37,15 milliards) et de Delta (36,7 milliards).
Le rapprochement permettrait de renforcer l'offre d'American dans le nord-est des Etats-Unis et vers Phoenix (Arizona, sud-ouest), où US Airways est davantage présente et a ses principaux hubs.
Davantage d'économies
Il permettrait aussi de réaliser davantage d'économies, en mettant par exemple plus de passagers dans des avions plus gros, relèvent les experts.
Les médias ont évoqué la possibilité de dégager 1,2 milliard d'économies dans les secteurs administratifs.
AMR s'était elle-même mise sous la protection de la loi sur les faillites en novembre en vue de faire des économies, notamment en réduisant les salaires de ses pilotes.
Les économies ont joué un grand rôle dans la reprise du secteur aérien, avec la mise en place de paiements séparés pour les bagages enregistrés ou les repas à bord, qui génèrent environ 8 milliards de dollars par an, selon M. Thomas.
Il souligne toutefois que la fusion devra être validée non seulement par les actionnaires et les régulateurs, mais aussi par la justice américaine, qui supervise la procédure de faillite d'AMR.
Les autorités de la concurrence pourraient aussi obliger la nouvelle entité à céder certaines lignes, relève M. Thomas, mais il y a relativement peu de recoupements entre les deux compagnies.
D'après les médias, l'actionnariat du nouveau groupe reste à définir, de même que le rôle de l'actuel directeur général d'American, Tom Horton. C'est celui d'US Airways, Doug Parker, qui dirigerait la nouvelle entité.
Les syndicats soutiennent pour leur part l'opération car ils espèrent "de meilleures conditions" salariales pour les employés qu'au sein d'une compagnie American indépendante, selon Tom Hoban, responsable de la communication du syndicat de pilotes Allied Pilot Association.
"Les salariés sont fortement derrière cette fusion. Les banques d'investissement la soutiennent. Les dirigeants d'American s'y mettent en retard et avec réticence", a-t-il commenté.