PARIS (Reuters) - Sanofi (PA:SASY) a décidé d'arrêter le développement clinique de son vaccin à ARN messager (ARNm) contre le COVID-19 confronté à la concurrence des autres sérums développés par l'alliance BioNTech-Pfizer et Moderna, et déjà disponibles depuis plusieurs mois.
"Le lancement d'une phase III [phase finale du développement clinique] ne répondrait pas à un besoin immédiat de santé publique, parce que le produit arriverait trop tard sur le marché", a expliqué mardi à Reuters un porte-parole du groupe.
Cette décision intervient alors que Sanofi a fait état, plus tôt ce mardi, de résultats positifs pour l'essai clinique de phase I/II consacré à son candidat-vaccin développé avec la biotech américaine Translate Bio, rachetée récemment par le groupe.
A la Bourse de Paris, le titre Sanofi progressait de 0,79% à 82,77 euros à 11h11, surperformant le CAC 40, en baisse de 1,16% au même moment.
Pour Martial Descoutures, analyste chez Oddo BHF, la décision de Sanofi d'interrompre le développement de son vaccin à ARNm était "attendue".
"Il ne serait pas intéressant de développer un autre vaccin à ARNm qui ne sera commercialisé qu'en 2023", explique-t-il. "Les premières données sont positives et devraient rassurer le marché sur l'acquisition de Translate Bio (preuve de concept pour la plateforme)".
AUTRE VACCIN DISPONIBLE AU T4
Sanofi préfère approfondir le développement de son autre candidat-vaccin contre le COVID-19, développé celui-ci avec le britannique GSK. Ce sérum, à protéines recombinantes et adjuvant, est actuellement en cours d'essai clinique de phase III et pourrait être disponible au quatrième trimestre sous réserve de son approbation par les autorités sanitaires.
Parallèlement à l'étude de phase III en cours, Sanofi a étendu son programme de développement pour inclure une étude sur le vaccin comme dose de rappel potentielle.
Les études consacrées à la vaccination de rappel ont débuté cet été aux États-Unis, en Australie, en France et au Royaume-Uni et les premiers résultats sont attendus à la fin du quatrième trimestre de 2021, a précisé le groupe mardi.
Lors d'une conférence avec des journalistes, le directeur de Sanofi Pasteur, Thomas Triomphe, a indiqué que l'Union européenne et le Royaume-Uni avaient commandé 75 millions de doses de son candidat-vaccin développé avec GSK.
Concernant la technologie ARNm, Sanofi veut se concentrer sur le développement de vaccins contre la grippe et d'autres maladies.
"Aujourd'hui, nous disposons d'une plateforme ARNm prometteuse, qui nous permet de faire passer nos activités de développement au niveau supérieur, notamment en matière d'ARNm modifié, et de cibler d'autres maladies, dont la grippe", a déclaré Jean-François Toussaint, responsable monde de la Recherche et Développement de Sanofi Pasteur.
Le groupe a lancé un essai clinique de phase I en juin dernier pour évaluer un vaccin expérimental à base d'ARNm contre la grippe saisonnière. Et il compte lancer en 2022 des études cliniques sur un vaccin contre la grippe à base d’ARNm modifié.
(Reportage Ludwig Burger, Gwenaëlle Barzic et Sarah White; avec la contribution de Danilo Masoni, rédigé par Blandine Hénault, édité par Sophie Louet)