Le chef de l'Etat colombien Juan Manuel Santos entame lundi une visite en France, avant de se rendre en Suisse à Davos, avec l'espoir d'attirer davantage d'investisseurs en Colombie, pays où, comme ailleurs en Amérique latine, la croissance est au rendez-vous.
Juan Manuel Santos, arrivé dimanche à Paris, participera au troisième Forum économique international Amérique latine et Caraïbes, organisé à Paris par l'OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économiques), la Banque interaméricaine de développement (BID) et le ministère français de l'Economie.
"Il y insistera sur le rôle de l'Amérique latine en tant que moteur du monde", a annoncé la présidence, la croissance économique devant atteindre 4% en 2011 dans la région, selon la Banque mondiale.
Investi le 7 août 2010 dans ses fonctions de chef de l'Etat, l'ancien ministre colombien de la Défense (2006-2009), notamment connu à l'étranger pour avoir dirigé l'opération de libération de l'otage franco-colombienne des Farc Ingrid Betancourt, le 2 juillet 2008, aura ensuite un entretien avec Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, instance dans laquelle la Colombie souhaite être admise.
En dépit du conflit armé qu'elle vit encore entre guérillas, bandes composées d'anciens paramilitaires et armée, la Colombie, 46 millions d'habitants, grande comme deux fois la France, est "un authentique pays émergent", note l'ambassadeur de France à Bogota Pierre-Jean Vandoorne.
Politiquement, Bogota a en outre détendu ses rapports avec ses voisins les plus proches, le Venezuela et l'Equateur, en rétablissant pleinement les relations diplomatiques avec eux, respectivement en août et novembre.
Cette année, la Colombie deviendra en outre pour deux ans membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations unies et à ce titre "un partenaire important lorsqu'il s'agit des affaires du monde", note l'ambassadeur.
Sa croissance atteindra en principe 4,5% en 2011 et son PIB, environ 6.000 dollars par habitant, "égale celui de l'Afrique du Sud", souligne ce diplomate.
En France, où il s'entretiendra lundi avec le Premier ministre François Fillon, mardi avec Gérard Larcher, président du Sénat, et mercredi avec son homologue Nicolas Sarkozy, M. Santos a précisé à la presse qu'il évoquerait les besoins de son pays en "infrastructures et transferts de technologie".
Un sujet qui devrait aussi être abordé à l'occasion d'une rencontre avec le patronat français, mercredi.
"Des milliards de dollars devraient être investis dans les infrastructures insuffisantes en Colombie : routières, aéroportuaires et même ferroviaires", note un autre diplomate français, en estimant que de grands groupes comme Alstom, Vinci, et Veolia sont déjà "positionnés".
La Colombie, où la production de pétrole pourrait atteindre 1,3 million de barils par jour d'ici à trois ans contre environ 800.000 actuellement, est déjà le cinquième producteur mondial de charbon, et va avoir "beaucoup d'argent pour ces projets (d'infrastructures), en taxes et royalties", note ce diplomate.
En dépit d'un niveau de violence encore élevé (15.459 homicides en 2010, soit 34 pour 100.000 habitants) le pays commence en outre à apparaître dans les catalogues des voyagistes, qui soulignent sa biodiversité, avec un morceau d'Amazonie, des plages caribéennes et des montagnes andines.
Le groupe hôtelier français Accor y développe sa présence, emboîtant le pas à Carrefour, Sodexo, Renault ou encore Téléperformance, qui y emploient directement près de 90.000 personnes.
Jeudi et vendredi, Juan Manuel Santos, un ancien économiste, aujourd'hui âgé de 59 ans, participera au Forum économique mondial de Davos (Suisse), où il évoquera la lutte contre la corruption et s'entretiendra avec le président de l'Afrique du Sud Jacob Zuma et celui de l'Indonésie, Susilo Bambang Yudhoyono, deux autres économies émergentes.