par Michelle Martin
BERLIN (Reuters) - L'inflation annuelle a ralenti au rythme de 0,8% en Allemagne en juillet, ce qui aura sans doute pour effet de tirer vers le bas celle de la zone euro, sans pour autant - affirment les économistes - que la Banque centrale européenne (BCE) prenne des dispositions particulières dès la semaine prochaine.
L'indice des prix harmonisé - permettant une comparaison avec les autres pays de l'Union européenne et privilégié par la BCE - a ainsi reculé à +0,8% contre +1,0% en juin, au vu des données provisoires publiées mercredi par l'Office fédéral de la statistique. La variation est conforme à celle attendue par les économistes interrogés par Reuters.
Cet indicateur combiné avec la baisse plus forte que prévu des prix à la consommation en Espagne, de 0,3%, entretient le spectre d'une déflation en zone euro.
Le taux d'inflation annuel de la zone euro est de 0,5%, soit dans la "zone de danger" sous le taux de 1% caractérisée par la BCE. Les économistes interrogés par Reuters, avant la publication de la statistique allemande, attendaient une inflation de la zone euro inchangée jeudi, jour de sa publication.
"Voilà qui ouvre peut-être la possibilité d'un glissement à 0,4% mais en tout état de cause, cela laisse au moins penser que l'inflation reste très, très faible", dit Jonathan Loynes (Capital Economics).
Mensuellement, les prix de détail harmonisés ont augmenté de 0,3%, ce qui est là encore conforme au consensus Reuters, après +0,4% en juin.
La BCE n'a pas touché à ses taux directeurs ce mois-ci, après les avoir abaissés à des planchers sans précédent en juin, mais n'a pas fait mystère de son intention de faire tourner la planche à billets le cas échéant si la déflation devenait une menace sérieuse. Mais pour l'heure, elle attendra, estiment les économistes.
"Il est peu probable que la BCE réagisse aux statistiques d'inflation faibles, si ce n'est pour dire sa détermination à aller au-delà des mesures convenues en juin", commente Christian Schulz (Berenberg Bank).
"Elle attendra sans doute les effets des TLTRO (opérations de prêts à long terme ciblées) en cours d'année avant d'éventuellement monter d'un cran", ajoute-t-il, faisant référence aux nouveaux prêts bon marché accordés aux banques, annoncés en juin et destinés en principe à financer l'activité des PME en particulier.
Une inflation faible n'encourage pas à épargner mais plutôt à dépenser, d'autant que les salaires augmentent en Allemagne et que le marché du travail est stable, autant d'éléments dont on attend qu'ils dopent la consommation privée et donc la croissance cette année.
Le président de la Bundesbank Jens Weidmann s'est félicité ce mercredi des augmentations salariales supérieures à l'inflation décidées dans plusieurs secteurs de l'économie allemande.
Sur la base des chiffres purement nationaux, les prix de détail ont augmenté de 0,8% annuellement en Allemagne, leur rythme le plus bas depuis février 2010, et de 0,3% mensuellement.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Nicolas Delame)