par William James et Kate Holton
LONDRES (Reuters) - Boris Johnson a demandé mercredi la suspension des travaux du Parlement de Westminster à partir d'une date comprise entre le 9 et le 12 septembre et jusqu'au 14 octobre, soit deux semaines seulement avant la date prévue du Brexit. La reine Elizabeth a approuvé sa demande.
Le Premier ministre britannique peut ainsi raccourcir la durée de la session parlementaire, ce qui a suscité un tollé dans l'opposition et même dans certains cercles conservateurs.
Les opposants au Premier ministre dénoncent une volonté de réduire le temps laissé aux députés pour débattre du Brexit et tenter d'empêcher un Brexit sans accord.
L'information a fait baisser la livre de 0,6% face à l'euro et au dollar, les marchés redoutant la perspective d'un "no deal".
La reine prononcera le 14 octobre le discours du Trône, par lequel elle présente le programme du gouvernement et qui marque l'ouverture officielle de la session parlementaire.
Prié de dire s'il y avait là une tentative de faire taire ses opposants, Boris Johnson a répondu : "C'est totalement faux."
Il y aura "suffisamment de temps" pour débattre du Brexit des deux côtés, a dit le Premier ministre.
Le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn, qui a promis de faire "tout son possible" pour empêcher un Brexit sans accord, a dénoncé "un scandale et une menace pour notre démocratie".
Pour lui, Boris Johnson doit s'expliquer devant le Parlement sur sa décision de réduire la session.
Selon le quotidien The Guardian, le chef du Labour a écrit à la reine Elizabeth pour lui exprimer sa préoccupation et lui demander un entretien.
CORBYN VEUT UNE MOTION DE CENSURE
"Il (Boris Johnson) doit rendre des comptes au Parlement, non pas en mettant sous clé le Parlement mais en allant au Parlement et en répondant aux questions", a déclaré Jeremy Corbyn.
"Lorsque le Parlement se réunira, très brièvement, la semaine prochaine à propos de son programme, la première chose que nous ferons sera d'essayer de légiférer pour empêcher ce qu'il est en train de faire et, deuxièmement, nous le contesterons par une motion de censure à un moment donné", a-t-il ajouté.
Après la décision de Johnson, le président de la Chambre des communes, le conservateur John Bercow, a parlé d'"un affront à la Constitution", tandis que la porte-parole de l'opposition travailliste pour les Affaires intérieures, la députée Diane Abbott, condamnait "un coup d'Etat contre le Parlement".
Le Parti unioniste démocrate (DUP) nord-irlandais, qui soutient le Premier ministre, s'est en revanche félicité de la décision du Premier ministre. Donald Trump a aussi apporté son total soutien à Boris Johnson.
Les partis d'opposition ont annoncé mardi un accord de coopération en vue de prévenir un "no deal", après des discussions entre Jeremy Corbyn, le Parti national écossais (SNP), les libéraux-démocrates, le Parti Vert et le Groupe indépendant pour le changement.
La rentrée parlementaire est normalement prévue le 3 septembre. Le Parlement devait à l'origine siéger pendant deux semaines avant de s'interrompre pour permettre aux partis politiques de tenir leur conférence annuelle.
(Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)