PARIS-MOSCOU (Reuters) - Emmanuel Macron a déclaré jeudi ne pas avoir accepté un moratoire proposé par la Russie sur le déploiement de missiles nucléaires en Europe, mais il a exhorté l'Otan à dialoguer sur le sujet avec Moscou en impliquant les Européens.
Le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) signé en décembre 1987 par les Etats-Unis et l'Union soviétique a expiré en août dernier, l'Otan accusant la Russie de développer et déployer un système de missiles violant cet accord.
Le président russe Vladimir Poutine, qui démentait toute violation du FNI, a proposé depuis d'instaurer un moratoire sur le déploiement en Europe de missiles de portée intermédiaire capables d'emmener des charges nucléaires.
Lors d'une conférence de presse à Paris au côté de Jens Stoltenberg après un entretien de plus d'une heure avec le secrétaire général de l'Otan, Emmanuel Macron a déclaré que la France avait répondu à la proposition russe mais n'avait pas pour autant accepté ce moratoire.
"Nous n'avons absolument pas accepté le moratoire proposé par la Russie (...) mais nous avons considéré que comme base de discussion, il ne fallait pas la chasser d'un revers de main", a dit le président français, en prônant une nouvelle fois "un dialogue avec la Russie "robuste, lucide et exigeant".
"Qu'est-ce qui était proposé? Constater la fin d'un traité sans rien d'autre? Soyons sérieux", a-t-il ajouté, tout en se disant soucieux de "prendre tous les intérêts de sécurité en compte, en particulier (des pays européens) qui sont le plus proches de la Russie".
Le président français, qui a récemment jugé l'Otan en état de "mort cérébrale" en raison d'une apathie européenne face aux tendances à l'unilatéralisme des Etats-Unis de Donald Trump, a en outre souhaité que la question de la maîtrise des armements soit traitée "d'abord et avant tout" au sein de l'Alliance atlantique pour sortir d'un face-à-face entre Américains et Russes.
"Nous ne pouvons pas déléguer notre sécurité à un accord bilatéral où aucun Européen n'est partie prenante", a dit Emmanuel Macron.
"La nouvelle génération d'accords que je souhaite (...) doit faire l'objet d'un très gros travail et d'une coordination au sein de l'Alliance, (...) elle suppose une implication des Européens dans ce futur traité", a-t-il insisté, en appelant à "construire une nouvelle architecture de confiance et de sécurité en Europe qui passe par la clarification de nos relations avec la Russie en posant nos conditions".
Le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov, cité par l'agence russe Interfax, avait déclaré jeudi qu'Emmanuel Macron avait répondu à la proposition de Vladimir Poutine, une réponse qualifiée de "non détaillée" mais qui, ajoutait-il, "exprime une compréhension des préoccupations (russes) et une disposition au dialogue sur ce point".
Le porte-parole avait précisé que Vladimir Poutine et le président français aurait une discussion à ce sujet le 9 décembre, date du sommet sur l'Ukraine à Paris en "format Normandie".
(Maria Kiselyova à Moscou, Sophie Louet et Bertrand Boucey à Paris, édité par Jean-Michel Bélot)