PARIS (Reuters) - La collecte nette du Livret A et du Livret de développement durable (LDD) a été très légèrement positive en décembre, à hauteur de 90 millions d'euros, mais négative de 6,1 milliards d'euros sur l'ensemble de 2014, selon les données publiées mardi par la Caisse des dépôts.
A 365,1 milliards d'euros (263 milliards pour le Livret A et 102,1 milliards pour le LDD), l'encours de ces produits d'épargne populaire n'a diminué toutefois que de 2,1 milliards l'an passé, soit de 0,6%, grâce aux intérêts capitalisés.
Si la collecte du LDD a été positive de 370 millions d'euros en décembre, celle du livret A a été négative pour le huitième mois consécutif (-290 millions après -1,25 milliard en novembre). Le livret A seul est responsable de la quasi-totalité de la décollecte de 2014.
Le taux de rémunération des deux livrets a été abaissé à 1%, un plus bas historique, le 1er août, pour tenir compte de la faiblesse de l'inflation.
Le fait que celle-ci soit aujourd'hui proche de zéro en rythme annuel (+0,1% pour l'inflation hors tabac en décembre) aurait dû conduire à une nouvelle baisse du taux au 1er février.
Le gouvernement s'y est refusé bien que le gouverneur de la banque de France, Christian Noyer, ait fortement recommandé qu'il soit fixé à 0,75% en faisant valoir qu'une rémunération nettement supérieure à l'inflation renchérissait le coût des ressources des banques et partant, du financement de l'économie.
L'impact de la baisse des encours enregistrée en 2014 est limité par le fait que la collecte des deux livrets avait été très fortement positive en 2012 et 2013, à hauteur de près de 70 milliards d'euros en cumulé, à la faveur notamment de la hausse de leur plafond (+50% pour le livret A, +100% pour le LDD).
Selon Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne, le livret A n'a connu que quatre années de décollecte ces vingt dernières années. La performance de 2014 est la plus mauvaise depuis 1996, où il avait subit des retraits nets de 8,3 milliards d'euros.
A la Caisse des dépôts, où sont centralisés 65% des fonds du livret A, qui servent notamment à financer le logement social, on estime que la faiblesse actuelle de la collecte n'est pas le signe d'un mouvement de défiance.
"Il y a un rééquilibrage mais aussi l'effet très clair de l'attractivité relative d'autres produits d'épargne comme le plan d'épargne logement et l'assurance vie du fait d'un différentiel de taux assez marqué", déclare-t-on.
Même avec une rémunération historiquement basse de 1%, le taux réel du livret A, une épargne totalement liquide et non imposable, n'a jamais été plus élevé, souligne-t-on encore.
Pour 2015, la Caisse anticipe une stabilisation, voire un léger tassement de la collecte par rapport aux niveaux actuels.
(Yann Le Guernigou, édité par Jean-Michel Bélot)