Appauvrie, la Serbie doit entamer des réformes douloureuses

Publié le 06/07/2014 16:14
Mis à jour le 06/07/2014 16:30
Appauvrie, la Serbie doit entamer des réformes douloureuses

La Serbie, qui compte cinq retraités ou chômeurs pour une personne employée, est confrontée à un déficit budgétaire record et doit à tout prix mettre en œuvre des réformes douloureuses pour éviter la banqueroute.

Le Premier ministre Aleksandar Vucic s'est engagé à agir, notamment à supprimer des emplois dans le secteur public pléthorique, mais les analystes font valoir que tout reste à faire et que les marchés financiers pourraient punir la Serbie si elle tarde à mettre en œuvre ces réformes.

Le pays va enregistrer cette année un déficit budgétaire record de 8% du PIB, avec une croissance projetée à 1%, un chiffre qui risque fort d'être revu à la baisse en raison des dégâts matériels - entre 1,5 et 2 milliards d'euros, selon des estimations de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) - provoqués par les pires inondations depuis un siècle qui ont frappé la Serbie en mai.

"Nous devons appliquer ces réformes (...) c'est une lutte pour notre survie", a déclaré M. Vucic qui, arrivé au pouvoir en avril, a promis de redresser l'économie moribonde.

Son gouvernement veut aussi notamment augmenter les taxes et les impôts et diminuer les subventions.

Le Parlement devrait adopter d'ici la fin juillet des nouvelles lois sur le travail, la privatisation et la faillite.

Les dépenses sont devenues insoutenables, a insisté M. Vucic mettant en garde que la Serbie risquait de "se retrouver dans la position de la Grèce", si elle ne réagissait pas énergiquement.

"Nous avons plus de retraités que d'employés et 50% des employés le sont dans le secteur public. Qui pourrait soutenir une telle situation?" s'est-il interrogé.

Pays de 7,2 millions d'habitants dont le budget s'élève à environ 8 milliards d'euros, la Serbie a en charge 1,7 million de retraités et 700.000 employés du secteur public.

Le taux du chômage est supérieur à 20% alors que la plupart des employés survit difficilement avec un salaire moyen mensuel de 350 euros.

Par ailleurs, 600 millions d'euros de subventions de l’État sont destinés à 161 entreprises qui auraient dû être fermées il y a plus de dix ans, a fait valoir le ministre de l'Economie, Dusan Vujovic.

Quatre-cents autres entreprises devraient être privatisées d'ici à la fin 2016. Le gouvernement est à la recherche d'investisseurs étrangers qui pourraient redresser ces compagnies, a précisé le ministre.

- "Il n'y a plus d'excuses" -

Mais les bonnes intentions affichées par le gouvernement ne semblent pas avoir convaincu les analystes.

La Serbie "aura le plus grand déficit budgétaire en Europe" cette année, note l'économiste Milojko Arsic.

"La volonté du gouvernement de mettre en œuvre une consolidation fiscale rigoureuse et des réformes structurelles globales semble moins certaine aujourd'hui qu'au moment ou il a été formé" fin avril, a-t-il fait valoir.

La révision du budget annoncée pour le mois de juin, a été repoussée à l'automne et les diminutions des salaires dans le secteur public reportées à octobre, autant d'hésitations qui risquent de coûter cher à la Serbie sur les marchés financiers.

"Le gouvernement a fait beaucoup de promesses, il a le mandat pour mettre en œuvre les réformes et la population s'attend à ce qu'il le fasse. Il n'y a plus d'excuses", a insisté Timothy Ash, analyste des marchés émergents auprès de la Standard Bank.

"Si le gouvernement n'agit pas, les marchés vont le pénaliser alors que le ratio d'endettement approche des niveaux suscitant l'inquiétude", a-t-il mis en garde.

"Si le gouvernement échoue à mettre en œuvre les réformes dans les six mois à venir (...) nous allons être confrontés à de sérieux problèmes avec la dette publique", a admis pour sa part Nikola Altiparmakov du Conseil fiscal du gouvernement, faisant valoir que cette dette devrait s'élever à 70% du PIB en 2014.

"Nous n'avons pas le choix, nous devons diminuer les retraites, les salaires dans le secteur public et faire des économies dans les entreprises publiques autrement nous allons nous effondrer", a-t-il mis en garde.

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