La production industrielle, portée à nouveau par la "prime à la casse" dans le secteur automobile, a nettement rebondi en août en France, confirmant une certaine reprise de l'activité, mais est encore bien loin d'avoir retrouvé le niveau qui était le sien avant la crise.
Après une descente aux enfers de plusieurs mois, le rebond industriel avait débuté en mai, mais son rythme s'était atténué dès juin.
En août, la production de l'ensemble de l'industrie a retrouvé des couleurs vives, gagnant 1,8% par rapport au mois précédent, a annoncé vendredi l'Institut national de la statistique (Insee). L'industrie manufacturière a confirmé aussi sa remontée (+1,9%).
"La dynamique industrielle est donc plutôt bonne", constate Nicolas Bouzou, du cabinet d'études Asterès, à l'unisson de la plupart des analystes.
Après un coup d'arrêt en juillet, la production a augmenté fortement en août dans l’automobile (+18,2%), explique l'Insee, "bien qu'elle reste à un niveau faible". La fabrication de voitures et d'équipements automobiles a dopé l'ensemble du secteur des matériels de transport (+11%).
"L'activité se redresse une nouvelle fois grâce à l'efficacité de la prime à la casse mise en place par les pouvoirs publics", s'est-on félicité dans l'entourage de la ministre de l'Economie Christine Lagarde.
Pour faire face à la récession, les industriels avaient pratiquement cessé de produire de nouveaux biens, se contentant d'épuiser les stocks déjà disponibles. Ce "mouvement de déstockage paraît achevé", estime-t-on à Bercy.
Les entreprises doivent même commencer à reconstituer leurs stocks "afin de réagir au moindre frémissement de la demande", explique Alexander Law (Xerfi). Pour Nicolas Bouzou, "un mouvement de restockage est à l'oeuvre, assez fort, et les carnets de commandes ont cessé de se dégrader".
Après la reprise de la croissance au deuxième trimestre, tirée notamment par les exportations, ce "restockage" devrait permettre de rester en terrain positif au troisième trimestre, conformément aux attentes de l'Insee et du gouvernement.
Mais ce léger regain d'activité, après une profonde récession, reste fragile.
D'abord, l'Insee prévient que le chiffre de la production automobile en août a été particulièrement "difficile" à établir et risque d'être révisé.
Ensuite, la production de biens d'équipements, si l'on exclut les matériels de transport, diminue elle de 1%.
Or les effets de la prime à la casse ne seront pas éternels: si le dispositif a été reconduit en France, dans une version moins incitative, pour 2010, il a d'ores et déjà pris fin en Allemagne, ce qui devrait freiner les exportations françaises d'ici la fin de l'année.
Surtout, le rebond doit être relativisé au regard de l'effondrement industriel au plus fort de la crise économique: en juin, juillet et août 2009, la production accuse toujours un recul de 11,8% par rapport aux mêmes mois de l'année précédente.
Enfin, l'investissement reste très faible. "Pour que l'investissement reparte, il faut que les carnets de commandes soient pleins, or ce n’est pas encore le cas", estime ainsi François Drouin, PDG d'Oséo, la banque publique d'aide aux PME.
Dès lors, le rebond de la production industrielle "devrait se poursuivre mais à un rythme moins net", prévoit Cyril Blesson, du cabinet Seeds Finance, soulignant le rôle encore "essentiel" des plans de relance publics au moment où la consommation des ménages et l'investissement des entreprises restent faibles et où "la vigueur de l'euro pèse sur notre compétitivité".