Nouvel épisode d'un feuilleton à rebondissement, l'avenir du groupe de spiritueux Belvédère qui fait face à de graves difficultés financières, sera examiné lundi par le Tribunal de commerce de Dijon.
Le groupe français, qui emploie 4.000 salariés et possède notamment Marie Brizard, les marques de whisky Glen Roger’s, William Peel, et de vodkas Sobieski, Danska-- a été placé en juillet 2008 sous procédure de sauvegarde afin de pouvoir restructurer sa dette évaluée à 550 millions d'euros.
Depuis, rendez-vous judiciaires et coups de théâtre s'accumulent.
Dernier en date, l'annonce de l'entrée prochaine du célèbre acteur américain Bruce Willis au conseil d'administration. Une déclaration qui a fait bondir le titre en Bourse de 24% en moins de 24 heures.
Bruce Willis ne sera pas totalement dépaysé puisque l'acteur français Jean Reno figure déjà parmi les actionnaires.
"M. Willis (déjà sous contrat publicitaire pour la vodka Sobieski, marque phare de Belvédère, ndlr) veut participer activement au développement de la stratégie", déclare à l'AFP le PDG Jacques Rouvroy, sans préciser le montant de la participation de l'acteur.
Il est "très conscient de la guerre économique dans laquelle nous sommes engagés", ajoute le PDG, une allusion à la bataille qui fait rage entre dirigeants et créanciers dans la presse et devant les tribunaux.
La direction de Belvédère accuse des créanciers de tentative de reprise "hostile" de la société.
"Le fonds d'investissement Oaktree a récupéré une partie de notre dette. Il fait tout pour déstabiliser notre groupe qui l'intéresse d'autant qu'Oaktree est propriétaire d'un de nos principaux concurrents, le fabricant de vodka Polmos Lublin", explique Me Alain Ribeyre, avocat de Belvédère.
"Nous sommes témoins d'une tentative de reprise hostile et sans précédent par des fonds d'investissements agressifs", renchérit Krzysztof Trelinski, l'un des fondateurs et principaux actionnaires de Belvédère.
De leurs côtés, les créanciers ont multiplié les actions en justice en France et en Pologne, dénonçant des dérives dans la gestion du groupe basé à Beaunes (Côtes-d'Or).
"Les comptes 2008 n'ont pas été certifiés, ceux du premier semestre 2009 n'ont toujours pas été publiés. Nous demandons leur publication immédiate avant le 12 octobre", date où le tribunal examine le plan de rééchelonnement de la dette", soulignent des créanciers réunis au sein d'un comité.
Ils estiment que le plan de sauvegarde s’appuie sur des "prévisions de croissance et de rentabilité irréalistes".
L'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam) demande le lancement d'une offre publique d'achat (OPA) par les dirigeants du groupe.
"De nombreux éléments permettent de prétendre que les deux dirigeants historiques (Rouvroy et Trelinski ndlr) ont repris le contrôle de la société sans avoir fait d'OPA comme la loi l'oblige", estime la présidente de l'Adam Colette Neuville.
Malgré toutes ces "attaques", M. Rouvroy reste "serein" quant à l'acceptation du plan par le tribunal.
Pour éponger sa dette, le groupe souhaite se recentrer sur son métier d'origine: la vodka. Il vient d'annoncer la cession de Marie Brizard (Manzanita, Curaçao Bleu) avant fin 2011. L'acquisition de la "Vieille Dame" des spiritueux pour 430 millions d'euros en 2006 avait considérablement creusé sa dette.
Belvédère table aussi sur une remontée des ventes au deuxième semestre après leur effondrement de plus de 25% sur les six premiers mois de 2009.