La mort de Patrick Ricard, fils de l'inventeur du pastis et président de Pernod Ricard, a suscité samedi une pluie d'hommages politiques et patronaux à son parcours de trois décennies à la tête d'un groupe qu'il a hissé au deuxième rang mondial des boissons alcoolisées.
M. Ricard, âgé de 67 ans, est décédé "soudainement" vendredi, ont annoncé Pernod Ricard et la famille. Selon des sources concordantes, il a succombé à l'hôpital de Toulon, après avoir été victime d'un malaise cardiaque sur l'île de Bendor, propriété de la famille près de Bandol (Var).
Pierre Moscovici, Le ministre de l'Economie, a déploré "une lourde perte pour la communauté des entrepreneurs français, dont notre pays a tant besoin en cette période de crise".
Ses homologues de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, Stéphane Le Foll et Guillaume Garot, ont loué la "réussite" d'un patron "visionnaire".
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a rendu hommage à "l'un des entrepreneurs les plus emblématiques de la réussite française dans le monde".
Patrick Ricard avait "su diversifier et internationaliser le groupe sans jamais dévier de sa vision: la montée en gamme de ses marques", a souligné la présidente du Medef, Laurence Parisot. Il était un "acteur essentiel" du secteur, pour l'Association nationale des industries alimentaires (Ania).
Dans la lignée de son père, cet homme exceptionnel a été à l'origine de la création de milliers d'emplois dans notre région", a réagi Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, ville berceau de l'entreprise familiale.
De son côté la ministre de la Culture Aurélie Filippetti a salué "un passionné de culture qui a soutenu, avec sa société et la fondation Ricard, la création contemporaine comme le développement des musées en faisant preuve d'une conviction et d'un sens de l'éthique exemplaires".
Le musée du quai Branly a rappelé qu'il était son "premier grand mécène", qui avait soutenu le projet de sa création "dès 2004 pour promouvoir un art accessible au plus grand nombre".
Né le 12 mai 1945, Patrick Ricard était le fils de Paul Ricard, l'inventeur du célèbre "vrai pastis de Marseille".
Entré sans diplôme en 1967 dans l'entreprise fondée par son père 35 ans plus tôt, il en avait pris la direction générale en 1972, trois ans avant la fusion avec Pernod. De 1978 à 2008, il cumule présidence du conseil d'administration et direction générale.
L'internationalisation sur le tard
En novembre 2008, Patrick Ricard avait abandonné cette dernière fonction, qu'il partageait depuis 2000 avec son bras droit Pierre Pringuet, un polytechnicien devenu le premier dirigeant du groupe extérieur à la famille.
Patrick Ricard, qui avait annoncé un an plus tôt son intention de lâcher les manettes opérationnelles pour une semi-retraite anticipée, avait néanmoins conservé les rênes du conseil d'administration.
C'est dans la dernière partie de son règne que Pernod Ricard a pris sa dimension internationale avec la politique d'acquisitions menée par Pierre Pringuet.
En 2001, le groupe s'empare d'une partie du géant canadien Seagram, bradé par la famille Bronfman et Vivendi, mettant la main sur deux "pépites", le whisky Chivas et le cognac Martell.
En 2005, Pernod Ricard devient le numéro deux mondial des vins et spiritueux, derrière le britannique Diageo, en rachetant Allied Domecq. Il récupère dans l'affaire le gin Beefeater, les champagnes Mumm et Perrier Jouët, et le whisky Ballantine's.
En 2008, l'acquisition de la vodka suédoise Absolut lui permet de couvrir toute la palette des spiritueux.
Pernod Ricard emploie 18.000 salariés dans plus de 70 pays, pour 107 sites de production. Le groupe, qui publiera le 30 août ses résultats 2011/2012, a dégagé sur les six premiers mois de l'exercice un bénéfice net en hausse de 20% à 800 millions d'euros. Son chiffre d'affaires sur neuf mois s'élevait à 6,3 milliards d'euros (+7%).
Amateur de chasse et d'art, M. Ricard était marié et père de trois enfants. Il était depuis 2007 commandeur de la Légion d'honneur.