Le géant français de la grande distribution Carrefour a réaffiché jeudi sa confiance à l'opérationnel, après un redressement de ses ventes au troisième trimestre, premier effet positif de la nouvelle stratégie de son nouveau patron, Georges Plassat, selon les analystes.
Ces résultats ont été saluées par les marchés, le titre Carrefour enregistrant à 09H45 GMT la meilleure performance du CAC 40, avec un bond de 3,5% à 16,55 euros, tandis que la Bourse parisienne prenait 0,35%.
Carrefour a annoncé des ventes en hausse de 2,1% à 22,62 milliards d'euros au troisième trimestre, supérieures aux prévisions et marquées par un redressement des ventes en France et la poursuite de sa croissance dans les marchés émergents.
Le chiffre d'affaires est supérieur aux attentes des analystes, qui tablaient sur des ventes à 22,38 milliards d'euros pour Dow Jones et à 22,43 milliards d'euros pour Bloomberg.
Ceux de CM-CIC estiment qu'il s'agit d'une "plutôt bonne surprise", car même hors l'effet de la hausse des carburants et à périmètre comparable, les ventes du groupe progressent tout de même de 0,2% (contre -0,2% attendu).
"Sans susciter un espoir démesuré, cette publication est positive avec des chiffres un peu supérieurs aux attentes (ce qui devient très rare dans le secteur)" a indiqué Jean-Marie Lhomé, analyste chez le courtier Aurel BGC.
L'analyste souligne notamment le "début d'amélioration sur les hypers en France, point-clé pour la position du groupe sur son marché domestique".
La France, principal marché du groupe avec environ 40% de l'activité, qui avait enregistré un repli de 2,1% lors du deuxième trimestre, progresse cette fois de 1,2%, avec des ventes atteignant 9,98 milliards d'euros.
Cette croissance des ventes peut être perçue comme un "premier effet plutôt positif" des changements stratégiques mis en place par le nouveau patron du groupe, Georges Plassat, et surtout par Noël Prioux, à la tête de Carrefour France, notent les analystes.
Appelé à la rescousse pour redresser le numéro deux mondial de la distribution, M. Plassat avait évoqué en juin devant les actionnaires ses premières pistes stratégiques, évoquant une réduction des frais généraux et des coûts liés aux structures centrales, et des arbitrages à l'international.
Fin août, Carrefour avait annoncé un plan de suppression de 500 à 600 postes administratifs en France, via un plan de départs volontaires.
Pour la France, le géant de la distribution avait annoncé l'abandon du projet d'hypermarché nouvelle génération Carrefour Planet, et de la stratégie de "convergence des marques" --c'est-à-dire le fait que tous les magasins soient exploités sous l'enseigne Carrefour (Carrefour Market, Carrefour Express...)-- accusée de peser sur la perception des prix de l'enseigne par les clients.
Même si Carrefour n'a pas publié d'objectifs de résultats pour l'ensemble de 2012, son directeur financier, Pierre-Jean Sivignon, a réaffirmé jeudi la confiance du groupe dans sa capacité à atteindre un résultat opérationnel courant (Ebit) compris entre 2,07 et 2,1 milliards en 2012, conformément aux attentes des analystes.
Bien que "satisfait" des derniers résultats, M. Sivignon a assuré que le groupe demeurait "prudent", en raison d'un "environnement qui reste difficile pour le quatrième trimestre".
En effet, l'Europe du Sud, touchée de plein fouet par la crise, continue de peser négativement sur le groupe, enregistrant un recul des ventes de 2,2%, à 5,85 milliards d'euros.
Le marché le plus touché est l'Italie (-8,3%, à 1,32 milliard d'euros), impacté à la fois par une baisse de la consommation et par une forte concurrence.
L'Espagne, qui avait fortement reculé au deuxième trimestre (-5,3%) enregistre un repli moindre de ses ventes (-3,2%, à 2,32 milliards) ces trois derniers mois, dans un "contexte de hausse de la TVA" depuis le 1er septembre.
Les pays émergents, en particulier le Brésil, dont les ventes à taux de change constants et hors essence progressent de 12,4% sur le trimestre, continuent eux de soutenir la croissance du groupe.