La zone euro met les bouchées doubles pour tenter de boucler le dossier grec, alors que se rapproche l'échéance du 16 novembre où les caisses de l'Etat seront vides s'il ne reçoit pas d'argent frais.
Une réunion de hauts fonctionnaires a eu lieu jeudi. Une autre est prévue lundi, avant une conférence téléphonique des ministres des Finances de la zone euro mercredi pour faire un point sur la Grèce, qui attend toujours le versement d'une aide de plus de 30 milliards d'euros pour éviter la cessation de paiement.
A ce stade, il est peu probable que les ministres prennent des décisions, sauf si les travaux préparatoires au sein de l'Euro Working group, qui se réunit lundi à Bruxelles, avançaient plus vite que prévu.
L'enjeu est double: voir si la Grèce a réuni les conditions pour recevoir rapidement de l'aide, et chercher des pistes pour lui accorder, comme elle le demande, un délai de deux ans afin de mener à bien son ajustement budgétaire.
"Le débat se concentre sur l'extension du délai, mais la première étape, c'est la confirmation par la troïka que la tranche d'aide pourra être versée", souligne une source européenne. "L'urgence est de libérer la tranche d'aide, au moins un partie".
Pour ce, Athènes doit présenter à ses créanciers la version finale de son train de rigueur. Cela pourrait être fait dès lundi, selon une source du ministère grec des Finances. L'idée serait de déposer ce plan dans la foulée au parlement grec, pour qu'il soit adopté avant la mi-novembre.
Mais le pays fait face à une mini-crise au sein de son gouvernement, en raison de la faille apparue avec le rejet par le petit parti de gauche Dimar des mesures pour déréguler davantage le marché du travail. Vendredi, le Premier ministre grec, Antonis Samaras, a appelé à l'unité face à la crise.
Outre ce dossier urgent, la zone euro doit s'entendre sur la manière d'accorder plus de souplesse à Athènes dans le rythme de ses efforts budgétaires. La Grèce espère obtenir un délai jusqu'en 2016, au lieu de 2014, pour faire tomber son déficit budgétaire à moins de 3% du PIB.
Si "les esprits évoluent" sur le principe, reste à trouver comment financer ce délai qui se traduirait par un trou "entre 20 et 30 milliards", selon une source européenne.
"Cela signifie un nouveau coût et de nouveaux problèmes politiques. Mais 20 milliards, quand on prend de la hauteur, ce n'est pas catastrophique, même si c'est politiquement difficile", estime-t-elle.
Toutes les pistes sont envisagées, même si l'idée de restructurer une nouvelle fois la dette grecque ou celle d'un nouveau prêt semble d'emblée exclue, face à la réticence des Etats de la zone euro.
Quant à l'idée de baisser les taux auxquels on prête à la Grèce, elle est difficile à mettre en place car "il faudrait baisser les taux pour tous les pays sous programme" d'assistance financière, selon cette source.
"Définir un nouveau chemin qui soit soutenable, ce n'est pas neutre en terme de financement", résume une source gouvernementale française. "Est-ce que les créanciers publics doivent accepter une décote, une restructuration des dettes de la Grèce à leur égard? C'est tout l'objet des discussions qui sont en cours", ajoute-t-elle.
Autre problème: si elle bénéficie d'un délai, la Grèce risque de ne pas pouvoir ramener sa dette à 120% du PIB en 2020, un niveau auquel le Fonds monétaire international (FMI) est pourtant très attaché.
Face à ces nombreux défis, les ministres de l'Eurogroupe pourraient ne pas attendre le 12 novembre, date prévue de leur prochaine réunion. Une autre réunion n'est pas exclue à Bruxelles quatre jours plus tôt, le 8 novembre.