Le sellier Hermès a relevé jeudi sa prévision de ventes 2012 et s'apprête à franchir allègrement cette année pour la première fois de son histoire séculaire la barre des 3 milliards d'euros, après un troisième trimestre à nouveau étincelant, y compris en Chine.
"Tout est au beau fixe. On n'a pas de nuages. Cette maison est une formidable pile atomique qui génère sa propre énergie de manière merveilleuse", a déclaré à l'AFP le patron de Hermès, Patrick Thomas.
Hermès mise désormais sur une progression de 13% de ses ventes annuelles à taux de change constants, alors qu'il ne tablait que sur +12% fin août et sur +10% en début d'année.
Le fabricant des carrés de soie et des célèbres sacs Birkin ou Kelly avait signé fin 2011 un record de 2,84 milliards d'euros. Sur les neuf premiers mois de 2012, les ventes atteignent déjà 2,44 milliards d'euros. Selon la prévision du groupe, elles devraient avoisiner les 3,2 milliards sur l'année.
M. Thomas a justifié la prévision de +13%, et non davantage, par un ralentissement prévisible du rythme en décembre, lié à une baisse des stocks.
"En décembre l'an dernier, on a fait seulement 11% de croissance à cause de la situation des stocks dans nos magasins dans le monde. Je prévois encore un mois de décembre qui ne sera pas dans la droite ligne des 11 premiers mois de l'année, à cause notamment des stocks en maroquinerie", a-t-il dit à l'AFP.
"On a pu reconstituer nos stocks, surtout dans le textile, mais des listes d'attente perdurent en maroquinerie", a souligné M. Thomas. "Donc on finira au-dessus de 13%, mais pas à 15%, ce serait trop optimiste, mieux vaut être prudent".
Pour 2012, le sellier maintient sa prévision de marge opérationnelle courante, qui devrait toujours "être comprise entre celle de 2010 et le plus haut historique atteint en 2011", soit entre 27,8% et 31,2%.
La progression au troisième trimestre a été de 24,2%, à 848,6 millions d'euros, un score "très fort" selon des analystes, alors que les autres grands groupes du luxe ont ralenti la cadence ce trimestre.
"Notre croissance du 3e trimestre à +15,7% (à taux de changes constants) a même été plus forte que celle du 1er semestre, qui était de 15,4%", s'est félicité le patron de Hermès.
"C'est une performance remarquable", note David Da Maia, analyste chez Aurel BGC, qui attendait une augmentation de 12,5%.
Le pôle luxe du groupe PPR a lui dégagé un chiffre d'affaires en hausse de 11,9% à périmètre et taux de change constants. Le pôle mode et maroquinerie de LVMH, emmené par Louis Vuitton, a fait +5%.
"Grâce au positionnement unique de sa marque, l'écart de croissance se creuse avec la plupart de ses concurrents cotés", relève M. Da Maia.
Au troisième trimestre, les ventes de Hermès ont nettement progressé dans toutes les zones géographiques, restant à un très haut niveau en Asie. Elles se sont aussi très bien portées en Europe, notamment en France où les flux touristiques continuent de doper le shopping de luxe.
"L'Amérique va très bien, on a aussi un retour de croissance au Japon, et aucune raison de s'inquiéter avec la Chine: nos ventes là-bas depuis le début de l'année progressent d'environ 25% et la part de la Chine dans notre chiffre d'affaires continue de monter", a souligné M. Thomas.
Le sellier de la rue du Faubourg Saint-Honoré affiche une croissance à deux chiffres dans tous ses métiers.
La maroquinerie a progressé de 20,5%, les vêtements et les accessoires de 30,5%, la soie et les textiles de 22,8%, la bijouterie et les arts de vivre de 65,8%, les parfums de 15,3%, l'horlogerie de 14,5% et les arts de la table de 26,7%.
A la Bourse de Paris, le titre Hermès gagnait jeudi 1,96%, à 223,60 euros, à une demi-heure de la clôture des transactions.
L'année 2011 avait été celle de tous les records: des ventes en hausse de 18,3%, un bénéfice opérationnel en progression de 32,5%, un bénéfice net en augmentation de 40,9% et une rentabilité en hausse de 31,2%, meilleur score depuis l'entrée en Bourse en 1993 de la société créée en 1837.