Les 30.000 ouvriers de l'industrie automobile sud-africaine, en grève depuis lundi après l'échec de négociations salariales, veulent durcir leur mouvement qui paralyse la quasi totalité de la production, a annoncé mardi un responsable syndical.
"La grève se poursuit" et les responsables syndicaux ont organisé une téléconférence pour discuter des moyens d'"intensifier" la mobilisation, a affirmé à l'AFP Mpumzi Matungo, trésorier du syndicat national de la métallurgie Numsa.
Le syndicat a appelé "à mener le combat jusqu'aux portes des usines en organisant des marches et des manifestations".
Les ouvriers réclament une augmentation d'au moins 14% alors que les employeurs ont offert 8% avec effet rétroactif au 1er juillet. C'est ce désaccord qui a déclenché la grève lundi et aucune nouvelle discussion n'a été lancée depuis.
A Port Elizabeth (sud), ville côtière surnommée la "Détroit de l'Afrique du Sud", des milliers d'ouvriers ont défilé dans les rues en entonnant des chants révolutionnaires devant les usines de General Motors (GM), Ford et Volkswagen.
Ayanda Madlozi, un des grévistes, a expliqué à l'AFP vouloir "un salaire qui permette de subvenir aux besoin de (sa) familles, pas des cacahouètes".
Ils étaient également une centaine, en tee-shirts et bérets rouges, à chanter et danser devant l'usine Ford de Mamelodi, dans la banlieue de Pretoria.
Avec cette grève, l'Afrique du Sud, premier producteur automobile du continent africain, enregistre chaque jour un manque à gagner équivalent à 3.000 voitures soit 600 millions de rands (45 millions d'euros).
Les sept constructeurs automobiles du pays parient toutefois sur une reprise rapide du travail pour pouvoir compenser une partie de ces pertes.
"Une fois la grève terminée, ce qui devrait intervenir bientôt, les constructeurs devront prendre des mesures pour récupérer une partie de la production perdue afin de répondre à la demande des clients internationaux", a indiqué à l'AFP Nico Vermeulen, directeur de l'Association nationale des constructeurs automobiles d'Afrique du Sud.
Mercedes Benz, qui a 1.500 ouvriers payés à l'heure en grève, craint de ne pouvoir honorer certaines commandes de son modèle Classe C d'un montant de centaines de millions de dollars.
"Le mode de fonctionnement du milieu syndical sud-africain a un effet dévastateur sur l'investissement international et la croissance", a affirmé Denise van Huyssteen, porte-parole de GM.
L'industrie automobile sud-africaine exporte dans 148 pays, notamment aux Etats-Unis, dans l'Union européenne et dans le reste de l'Afrique, 60% de la production étant destinée à l'étranger. L'automobile contribue à environ 6% du PIB sud-africain et pour 12% aux exportations.
Plusieurs économistes soulignent cependant que la grève ne devrait pas durer, les constructeurs ne souhaitant pas froisser le gouvernement sud-africain qui leur accorde des droits de douane et un système de taxation avantageux.
"Les constructeurs automobiles devraient tôt au tard accéder aux demandes des ouvriers", a souligné Loane Sharp, analyste chez Adcorp, une société de services de l'emploi.
Plusieurs des grandes marques mondiales, dont BMW, Ford, General Motors, Renault, Mercedes Benz, Toyota et Volkswagen ont des usines en Afrique du Sud.
L'hiver austral, de juin à août, est traditionnellement l'époque des plus grandes grèves en Afrique du Sud, car c'est à ce moment là que se déroulent les négociations salariales par branche.
Des négociations sont également en cours dans le secteur minier, un an après les grandes grèves sauvages qui ont fait plusieurs dizaines de morts et durablement affaibli les mines, poumon économique du pays.