Michael Dell a obtenu jeudi l'accord des actionnaires à son projet de racheter pour 25 milliards de dollars le groupe informatique qu'il a créé, afin de l'adapter au déclin des PC à l’abri des pressions de Wall Street.
"Sur la base d'un vote préliminaire lors d'une assemblée générale extraordinaire, les actionnaires de Dell ont approuvé la proposition de Michael Dell, PDG et fondateur, de racheter Dell en partenariat avec Silver Lake Partners", indique un communiqué du groupe.
Michael Dell prévoit de sortir le groupe de la cote pour l'aider à s'adapter à la mutation du marché informatique vers les appareils mobiles au détriment des ordinateurs PC, dont le déclin a encore fait chuter son bénéfice de 72% sur un an au deuxième trimestre.
Les actionnaires de Dell vont recevoir 13,75 dollars par action, assortis d'un dividende spécial de 13 cents, soit une transaction valorisée au total à 24,9 milliards de dollars.
Ce vote était sans surprise alors que le milliardaire américain Carl Icahn, qui détient 8,9% du groupe contre 13,9% pour Michael Dell, a annoncé lundi renoncer à combattre le plan de Michael Dell, qu'il avait tenté de bloquer pendant des mois, le qualifiant de pas assez attrayant pour les actionnaires.
Jeudi, Michael Dell s'est pour sa part dit “heureux" du vote des actionnaires et "déterminé à faire de Dell le principal fournisseur de systèmes technologiques sur mesure, conçus d'un bout à l'autre".
"Nous entrons dans la prochaine révolution technologique. L'informatique en réseau (cloud), les gros volumes de données (big data), les appareils mobiles et la sécurité informatique changent la façon dont les gens vivent, les entreprises opèrent et le monde fonctionne, comme le PC l'a fait il y a 30 ans", a-t-il ajouté lors d'une conférence téléphonique.
Coupes difficiles
"Nous devons rendre ces innovations plus simples, plus abordables et plus accessibles", a-t-il insisté.
"C'est un pari très risqué pour Michael Dell. S'il fonctionne, cela pourrait lui rapporter gros d'ici quelques années mais la situation pourrait tout aussi bien se détériorer", a commenté Carr Lanphier, analyste de la maison de recherche Morningstar, interrogé par l'AFP.
Pour lui, sortir Dell de la cote est "nécessaire, car redresser une entreprise, c'est comme essayer de faire des saucisses: ça ne sera pas beau à voir".
"Il va falloir faire des coupes difficiles, investir dans des compétences qui manquent pour que Dell puisse faire des offres de services complètes. Tout cela est cher et va demander de sacrifier les bénéfices à court terme au profit de la rentabilité à long terme et les actionnaires n'auraient pas aimé ça", argumente-t-il.
Le directeur financier Brian Gladden a admis qu'en sortant de la cote, Dell s'offrait surtout du temps pour agir sans risquer, trimestre après trimestre, de voir ses comptes sanctionnés par Wall Street et des investisseurs impatients. "D'une certaine façon, la stratégie (de diversification) de Dell restera la même", mais ce processus "va prendre du temps", a-t-il dit.
Comme son concurrent HP, Dell aspire "à ressembler à IBM", spécialiste des services informatiques avancés à destination des entreprises, et qui n'a plus d'activités d'informatique grand public, mais HP comme Dell veulent "garder leur activité d'équipements", ajoute M. Lanphier.
Dell va devoir "trouver un moyen de rassembler toutes les technologies qu'il a acquises dans des offres globales" et pour cela il "a besoin de ses serveurs et ses ordinateurs", a-t-il ajouté.
Brian Gladden a d'ailleurs confirmé que Dell allait continuer à faire des acquisitions après la frénésie d'achat des dernières années "mais ce seront des transactions qui viendront compléter" des actifs existants, et qui devraient donc être plus petites.