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Ecotaxe: Ayrault réunit mardi élus bretons et ministres pour sortir de la crise

Publié le 28/10/2013 18:10

Jean-Marc Ayrault s'est donné un peu de temps avant de trancher sur l'écotaxe en choisissant de réunir mardi matin à Matignon élus bretons et ministres concernés par cette mesure qui rencontre une hostilité grandissante en Bretagne, sur fond de grogne fiscale généralisée.

Des aménagements, voire une nouveau report de cette taxe décidée durant le précédent quinquennat, étaient attendus lundi mais le Premier ministre ne rendra ses arbitrages qu'après la réunion à 10H00 à Matignon.

Des élus bretons - sauf les UMP qui boycottent la réunion - le préfet de région et les ministres de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, des Transports, Frédéric Cuvillier, et de l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, se rendront à Matignon.

Comme annoncé durant le week-end, MM. Le Foll et Cuvillier ont adressé lundi matin au Premier ministre des propositions pour sortir du piège de l'écotaxe, décidée en 2009.

Dimanche, moins de 24 heures après les affrontements qui ont fait une dizaine de blessés au pied du portique écotaxe de Pont-de-Buis (Finistère), M. Le Foll avait assuré avoir "parfaitement entendu" et "parfaitement compris" le message des manifestants. Pourtant il a affirmé lundi sur i-Télé que le gouvernement ne "pouvait pas revenir en arrière".

Cette taxe, qui cristallise une bonne part de la colère bretonne, est une mesure du Grenelle de l'environnement mis en place à l'initiative de Nicolas Sarkozy. Elle doit être payée pour tous les camions français ou étrangers de plus de 3,5 tonnes, roulant sur certaines routes (hors autoroutes payantes). Censée rapporter plus d'un milliard d'euros par an, elle vise à inciter les entreprises à utiliser, pour le transport de marchandises, des modes moins polluants.

Interrogé sur la possibilité d'augmenter la détaxe de 50% déjà accordée à la Bretagne, M. Le Foll a admis qu'il s'agissait d'"une bonne piste de réflexion".

"à feu et à sang"

Le Groupe des fédérations industrielles (GFI) et le Medef ont demandé séparément lundi au gouvernement "l'ajournement" de cette taxe qui pénaliserait le "made in France" en s'ajoutant "à une pression fiscale déjà record".

Les membres du collectif qui avait appelé à un rassemblement samedi à Quimper, ont réclamé la "suppression pure et simple" de l'écotaxe.

Après les récentes reculades sur la taxation de l'excédent brut d'exploitation (EBE) ou sur les Plans épargne logement (PEL) et Plans d'épargne en actions (PEA), le gouvernement peut difficilement renoncer à cette mesure attendue par son partenaire écologiste.

"Si ce gouvernement cède (sur l'écotaxe), il ne faudra pas qu'il s'étonne qu'il n'y ait plus d'autorité sur rien", a ainsi mis en garde le chef de file des sénateurs écologistes, Jean-Vincent Placé.

"Il ne faut pas prendre l'écotaxe pour le bouc émissaire", a renchéri Pascal Durand, secrétaire national d’Europe écologie-Les Verts (EELV). "On voit bien que la Bretagne est à bout qu'il y a une crise mais la crise ce n'est pas l'écotaxe qui l'a créée", a-t-il relevé.

Selon M. Placé, l'écotaxe "va coûter 42 millions d'euros à la Bretagne mais va lui en rapporter 135" en matière de "transport routier, qualité des routes...". La région, qui avait massivement voté pour François Hollande en 2012, bénéficie déjà d'exonérations (filière lait).

A droite, l'écotaxe constitue a contrario un nouveau cheval de bataille contre un gouvernement et un chef de l'Etat très affaiblis dans les sondages et dont la politique fiscale est contestée par une majorité de Français.

Membre du gouvernement qui avait décidé il y a quatre ans de la mise en place de cette taxe sur les poids-lourds, l'ex-ministre UMP, Bruno Le Maire, a ainsi estimé dans Le Parisien que l'équipe actuelle était "en train de mettre le pays à feu et à sang". L'ancien ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a lui répété qu'il fallait "remettre à plat" l'écotaxe, un projet qu'il avait pourtant lui-même porté à l'époque du Grenelle de l'environnement.

L'ex-ministre UMP du Budget Valérie Pécresse a considéré lundi que l'écotaxe était comme "la goutte d'eau qui fait déborder le vase" de la "révolte fiscale", annonçant le dépôt d'une proposition de loi pour la stabilité fiscale.

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