La troïka (UE-FMI-BCE) entamait jeudi à Lisbonne un nouvel examen des comptes du Portugal qui cherche à s'affranchir de la tutelle de ses créanciers le 17 mai et retrouver un plein accès aux marchés, avec ou sans filet de sécurité.
Pour les Portugais, il s'agit de l'avant-dernière d'une série de douze missions entamées il y a trois ans, qui se sont traduites pour eux par de lourds sacrifices en matière de revenus et emploi.
Mais le départ de la troïka ne sera pas synonyme de fin de l'austérité, a d'ores et déjà prévenu le gouvernement.
"La discipline budgétaire" restera le maître-mot afin de garantir que le plan d'aide de 78 milliards d'euros négocié en mai 2011, soit le "dernier demandé par le Portugal", a déclaré mercredi la ministre des Finances, Maria Luis Albuquerque.
En raison de son endettement élevé, "le Portugal ne pourra pas renouer avec le vieux modèle économique d'avant la crise. Les efforts doivent se poursuivre quel que soit le parti au pouvoir", a renchéri Subir Lall, chef de la mission du FMI pour le Portugal.
Inquiets de l'issue des élections législatives prévues en 2015, les créanciers ont multiplié les appels en faveur d'un consensus des partis politiques autour des objectifs budgétaires, un message relayé par le Premier ministre de centre droit, Pedro Passos Coelho.
Antonio José Seguro, secrétaire général du Parti socialiste, principale formation de l'opposition, s'est dit d'accord pour "respecter la rigueur budgétaire", tout en dénonçant "l'appauvrissement du Portugal" dû selon lui à la politique du gouvernement.
Pour le FMI, il ne fait pas de doute qu'il "faut un vaste consensus politique pour assurer la poursuite des efforts d'assainissement budgétaire entrepris depuis trois ans".
Car, a prévenu l'institution à la veille de l'arrivée de la troïka, le Portugal reste à l'abri de "brusques changements d'humeur" des marchés à son égard, malgré la récente baisse de ses taux d'emprunt.
- Les aléas des marchés -
D'où la nécessité de recourir à une ligne de crédit de précaution à l'issue du plan d'aide, a commenté à l'AFP Pedro Lino, analyste de Dif Broker: "les incertitudes liées aux marchés plaident en faveur d'un filet de sécurité pour éviter que l'assainissement budgétaire n'ait été fait en vain".
D'autant que le Portugal ne peut pas se prévaloir du même consensus politique que l'Irlande qui est sortie en décembre de son programme d'assistance sans demander la moindre aide supplémentaire à ses partenaires européens.
Le gouvernement portugais a assuré qu'il attendrait jusqu'en avril pour décider s'il se porte candidat à une ligne de crédit de précaution à laquelle il pourrait avoir recours en cas de turbulences sur les marchés.
Confiant, M. Passos Coelho a assuré que "si nous avons besoin d'une ligne de crédit, il n'y a aucune raison de ne pas arriver à un accord" avec Bruxelles.
"Toutes les options sont ouvertes, mais dans la mesure où les besoins de financement de l'Etat pour 2014 sont déjà couverts, on peut s'interroger sur la nécessité de souscrire une assurance", a déclaré à l'AFP Paula Carvalho, économiste de la banque BPI.
Juste à temps avant le retour de la troïka, le Portugal a levé mercredi 1,25 milliard d'euros de dette à trois et douze mois à des taux en baisse, après avoir placé avec succès la semaine dernière son premier emprunt à dix ans depuis mai 2013.
Autre signe encourageant, le PIB a affiché une hausse de 0,5% au dernier trimestre, bien supérieure aux attentes des analystes. Et le gouvernement a laissé entendre qu'il pourrait revoir à la hausse sa prévision de croissance pour 2014, actuellement de 0,8%.
En cas de satisfecit de la troïka, le Portugal devrait pouvoir encaisser un nouveau chèque de 2,5 milliards d'euros.