La Grèce va tourner le dos à six années de récession en 2014, et sa croissance devrait ensuite accélérer pour atteindre 3,7% en 2016, avec un chômage en baisse et une amélioration de ses finances publiques, selon les prévisions mardi de la Commission européenne.
Athènes devrait afficher une croissance encore modeste de 0,6% cette année, puis de 2,9% en 2015 et de 3,7% l'année suivante, soit le même niveau que l'Irlande. Les deux pays, particulièrement affectés par la crise, devraient afficher les plus forts taux de croissance en zone euro en 2016.
"La reprise tant attendue de la Grèce est soutenue par la consommation et les exportations", grâce au tourisme et au secteur naval, et à l'affaiblissement de l'euro, indique l'exécutif européen dans son rapport. En 2016, les réformes structurelles devraient également porter leurs fruits.
Dans le même temps, le taux de chômage devrait se replier, passant de 26,8% cette année à 22% en 2016. La Grèce enregistrera même un excédent de ses comptes publics en 2016 (+1,3%), après un déficit de 1,6% en 2014 et de 0,1% en 2015, selon la Commission européenne. Enfin, la dette devrait refluer à 168,8% du PIB l'an prochain et 157,8% en 2016.
Mais les incertitudes sont nombreuses concernant l'avenir à court terme du pays. Le Premier ministre Antonis Samaras veut libérer au plus tôt la Grèce de la tutelle de l'UE et du FMI, mais beaucoup doutent de sa capacité à se financer seule sur les marchés.
En Europe, de nombreux responsables poussent pour qu'Athènes bénéficie d'une ligne de crédit de précaution après la sortie du plan d'aide côté européen, prévue à la fin de l'année.
La possibilité et les modalités d'un nouveau programme pour la Grèce devraient être à l'ordre du jour de la réunion des ministres des Finances de la zone euro le 8 décembre.
Mardi, les commissaires européens Jyrki Katainen (Emploi, Croissance et Investissements) et Pierre Moscovici (Affaires économiques) ont promis de se rendre dans le pays avant cette date.
"Nous devons étudier la mise en place d'une aide qui permette de sauvegarder l'intégrité de la zone euro et soutienne la Grèce", a affirmé M. Moscovici lors d'une conférence de presse. "La situation est encore très difficile pour les citoyens, mais il y a de l'espoir", a dit M. Katainen.
La situation d'autres pays qui ont souffert de plein fouet de la crise de la dette est également encourageante: l'Irlande retrouve sa réputation de tigre celtique avec une croissance attendue à 4,6% cette année, puis 3,6% l'an prochain.
L'Espagne - qui a bénéficié d'un plan pour ses banques - devrait afficher une croissance de 1,7% en 2015 puis 2,2% l'année suivante. La quatrième économie de la zone euro devrait en outre voir son chômage, pléthorique, refluer avec un taux de 22% en 2016, contre près de 27% actuellement.
Au même moment, les plus grandes économies de la zone euro voient leur croissance ralentir. Le moteur allemand semble même grippé, selon la Commission, qui a nettement revu à la baisse ses prévisions de croissance à 1,3% cette année et surtout 1,1% en 2015. "Soyons clairs, la zone euro ne survivra pas si elle n'a qu'un seul moteur", a lancé mardi M. Katainen.
La France patine, avec une croissance de seulement 0,3% cette année, 0,7% en 2015, puis 1,5% en 2016 pendant que l'Italie va connaître en 2014 sa troisième année consécutive de récession, tout comme la Finlande, ancien bon élève de la zone euro.