PARIS (Reuters) - Le déficit public de la France représentait 4,0% du produit intérieur brut fin 2014, un niveau nettement inférieur aux attentes grâce notamment à une forte baisse des besoins de financements des collectivités locales, à l'origine du dérapage des comptes en 2013.
La publication de ce chiffre, jeudi par l'Insee, intervient en pleines négociations de Paris avec l'Union européenne sur la trajectoire nécessaire pour le ramener sous 3% à l'horizon 2017, selon le nouveau calendrier récemment convenu.
Dans un communiqué, le ministre des Finances Michel Sapin et le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert ont souligné que cette performance pour 2014, alors que le gouvernement tablait sur 4,4%, "a ouvert la perspective d'une révision à la baisse du déficit public en 2015, aux alentours de 3,8% du PIB."
La dernière version de la trajectoire des finances publiques françaises anticipait un déficit public, qui agrège les soldes des comptes de l'Etat, des collectivités locales et des administrations de sécurité sociale, à 4,1% fin 2015, soit au même niveau qu'en 2013.
Mais la dette publique de la France a encore progressé de 84,4 milliards d'euros l'an passé pour atteindre 2.037,8 milliards d'euros, un nouveau record, soit l'équivalent de 95% du PIB contre 92,3% un an plus tôt.
Le gouvernement tablait à l'origine sur un déficit public de 3,6% du PIB en 2014, une prévision relevée à 3,8% au printemps puis 4,4% à l'automne quand il a révisé sérieusement à la baisse, de 0,9% à 0,4%, ses anticipations pour la croissance économique de l'année.
Invoquant les effets négatifs de la faiblesse de l'inflation et de la croissance, il a dans le même temps renoncé à ramener ce déficit public sous 3% du PIB à l'horizon 2015.
STABILITÉ DU TAUX DE PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES
Cette décision a été entérinée par l'Union européenne, qui a accordé un nouveau délai à la France pour y parvenir, cette fois en 2017, avec une première étape à 4,1% en 2015.
Le délai, le troisième en l'espace de six ans, a été octroyé malgré les fortes réticences d'une partie des partenaires européens de la France et en échange d'exigences d'efforts supplémentaires pour cette année, Bruxelles estimant alors que, dans le contexte actuel, l'objectif fixé pour la fin 2015 ne serait pas atteint.
Dans son communiqué, Michel Sapin indique que "le gouvernement est pleinement confiant dans sa capacité à ramener le déficit public sous 3% d'ici 2017, tout en confortant la reprise de l'activité et en finançant ses priorités".
En 2014, les dépenses totales des administrations publiques ont progressé de 1,6%, à 1.226,5 milliards d'euros, soit l'équivalent de 57,2% du PIB contre 57,0 en 2013, et leurs recettes de 1,9% à 1.141,6 milliards. La hausse des seules dépenses de fonctionnement a été limitée à 1,3%.
L'an dernier, le taux de prélèvements obligatoires est resté stable à 44,7% du PIB alors que les impôts ont augmenté de 1,5% et les cotisations sociales de 2,6%.
Le déficit du seul budget de l'Etat a progressé l'an passé à 74,7 milliards d'euros et celui des organismes de Sécurité sociale est revenu à 8,6 milliards d'euros, des niveaux proches des chiffres déjà publiés et là aussi inférieurs aux prévisions.
L'Insee fait aussi état d'une baisse sensible du besoin de financement des collectivités locales, à 4,5 milliards contre 8,5 milliards, après sa forte hausse de 2013.
(Yann Le Guernigou, édité par Jean-Baptiste Vey)