Le juge des référés du Tribunal de grande instance de Toulouse a rejeté mardi la demande de Molex de fermeture provisoire de son usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) et ordonné aux représentants du personnel de faire "cesser les entraves à la liberté du travail".
Molex avait annoncé la fermeture de son usine de Villemur-sur-Tarn après qu'un dirigeant américain a été bousculé mardi 4 août par des salariés à la sortie de l'usine. De leur côté, les salariés empêchent les camions d'entrer ou de sortir, craignant "qu'il enlèvent l'outil de travail et le stock".
Après la décision de justice, le ministre de l'Industrie Christian Estrosi s'est dit mardi "prêt à nommer un médiateur" entre la direction de Molex et les salariés.
Dans son ordonnance de référé, accueillie avec satisfaction par les deux parties, le juge des référés a rejeté mardi la demande de la direction de l'équipementier automobile américain d'autoriser la fermeture de l'usine "par mesure de sécurité, le temps de faire un état des lieux".
Il rappelle qu'elle a fermé le site le 6 août et qu'elle "ne s'explique pas en quoi la fermeture du site est nécessaire pour vérifier les systèmes électriques et d'incendie".
Cette décision a immédiatement été saluée par l'avocat du Comité d'entreprise, Me Jean-Marc Denjean, qui a estimé à la sortie du tribunal que cette ordonnance montrait que la décision de Molex de fermer le site situé près de Toulouse était "illégale", parlant de "bérézina judiciaire" pour la direction.
Marcus Kerriou, qui a démissionné jeudi de son poste de co-gérant de l'établissement, a toutefois assuré ensuite à l'AFP que "le site reste fermé".
"Cette mesure temporaire reste en place. Nous considérons que nous ne sommes pas en mesure d'assurer la sécurité des personnes et des biens", a-t-il dit.
Par ailleurs, le juge des référés a ordonné à 4 représentants du personnel, dont le secrétaire du Comité d'entreprise Denis Parise (CGT), de "cesser et faire cesser immédiatement et sans délai les entraves à la liberté du travail, à la libre circulation des biens et à la liberté du commerce, de l'industrie et de la propriété, par occupation des accès aux sites" de l'entreprise.
Il "ordonne en conséquence l'expulsion immédiate et sans délai, y compris avec le concours de la force publique si besoin est, de toute personne perturbant les accès aux entrées et sorties du site et établissements de la société Molex Automotive".
"Nous sommes satisfaits de la décision du juge qui confirme notre demande d'expulsion de toute personne qui perturbe les accès du site. C'est un gain de cause sur la décision de faire lever le blocage", a déclaré à l'AFP Marcus Kerriou.
Satisfaction également du côté de Denis Parise (CGT), qui estime que "cette décision veut dire qu'on peut +rerentrer+ chez nous (dans l'usine). C'est à la direction d'ordonner aux vigiles de quitter les lieux".
Les salariés en grève avaient voté jeudi dernier pour la reprise du travail mais ils sont depuis empêchés d'entrer dans l'usine par des vigiles de la direction.
La fermeture définitive de l'usine Molex de Villemur-sur-Tarn (283 emplois), dont la production est paralysée depuis le 7 juillet, est prévue pour fin octobre, mais le personnel espère une réindustrialisation du site.
"L'usine n'est pas viable. La fermeture reste programmée pour fin octobre", selon Marcus Kerriou. La direction de Molex aux Etats-Unis a récemment décidé de reprendre le "management direct" du site de Villemur.
Denis Parise a renvoyé mardi la balle aux "dirigeants politiques", estimant que c'était à eux "de prendre l'affaire en main et de la mener à bien pour les salariés".
Christian Estrosi a convenu d'un rendez-vous le 25 août avec le vice-président du groupe Molex, Martin Slark. Dans son communiqué de mardi, il se dit "prêt à accéder à la demande" de M. Slark "de désigner un médiateur à cet effet".