Le groupe européen d'aéronautique et de défense EADS a remporté le contrat pour la surveillance des 9.000 kilomètres de frontières saoudiennes, une percée sur un marché hautement disputé par des rivaux comme le français Thales, le britannique BA ou l'américain Raytheon.
Le marché, dont le montant n'a pas été précisé par EADS, est estimé à 2,5 milliards d'euros, selon des informations de presse.
Il porte sur "l'installation le long des frontières saoudiennes de radars et de postes de commandement visant à prévenir toute attaque en provenance de la mer, du ciel ou de terre" a précisé une porte-parole du groupe à l'AFP. Il sera finalisé "dans les cinq ans", a-t-elle ajouté.
"C'est le contrat le plus important remporté en matière de sécurité" par notre groupe, s'est félicité mercredi Stefan Zoller, PDG d'EADS Défense et sécurité, dans une interview au quotidien économique allemand Handelsblatt.
"Jusqu'à 1.000 salariés d'EADS seront employés" pour ce marché, a-t-il ajouté, soulignant qu'il espérait "obtenir d'autres contrats (en Arabie saoudite ndrl) par exemple sur les réseaux de communications sécurisées".
En remportant la totalité du marché, EADS s'impose face au français Thales qui avait négocié ce contrat pendant douze ans. Thales n'était pas immédiatement joignable pour commenter ces informations.
Selon des sources proches du dossier, Thales était soutenu par les Français et EADS par les Allemands. Un analyste du secteur estime toutefois, sous couvert d'anonymat, que "ce n'est pas tant les raisons politiques qui ont primé que la qualité de l'offre et le devis".
Ce contrat a été obtenu face au britannique British Aerospace ou à l'américain Raytheon qui avaient également répondu à l'appel d'offres lancé par Ryad en 2006.
Il marque une première brèche d'importance dans le monopole qu'exercent les Anglo-Saxons dans les fournitures d'équipements militaires et de défense de l'Arabie saoudite.
Il s'agit d'"une belle percée dans l’électronique de défense sur un marché très emblématique", a estimé l'analyste.
Il démontre "la volonté stratégique du groupe EADS de développer ses activités de défense et de réduire sa dépendance au marché de l’aéronautique civil", a-t-il ajouté.
En janvier 2008, EADS avait annoncé la mise en place d'une nouvelle stratégie baptisée "vision 2020", décidant de consacrer d'ici à 2020 la moitié de ses activités à l'aviation civile, représentée par Airbus, et l'autre moitié à l'espace et à la défense, un secteur beaucoup moins cyclique et donc moins sensible aux aléas conjoncturels.
Le contrat signé mardi pour la surveillance électronique des frontières saoudiennes s'inscrit dans le projet, initialement baptisé MIKSA (Ministry Interior Kingdom Saudi Arabia), qui avait été évoqué à l'origine au début des années 1990 après la guerre du Golfe. Il était alors destiné à sécuriser la frontière du royaume saoudien avec l'Irak par des barrières et un système de surveillance électronique.
Mais le ministère saoudien de l'Intérieur a ensuite élargi le projet pour qu'il couvre l'ensemble des frontières terrestres, maritimes et aériennes du pays. Il a alors été rebaptisé SBGDP (Saudi Border Guard Developpment Program).
En 2006, un appel d'offres international avait été lancé par l'Arabie saoudite. EADS, Thales, Raytheon, BAE Systems, l'italien Finmeccanica et un groupe espagnol y avait notamment répondu.
A la clôture de la Bourse, EADS a terminé sur un bond de 3,65% à 11,93 euros dans un marché en hausse de 2,43%.