La maison de luxe Hermès a signé en 2011 la plus belle année de son histoire, avec des records de ventes, de bénéfices ou encore de marge, et compte en faire profiter ses actionnaires en leur offrant sept euros de dividende par titre, a annoncé Hermès jeudi.
Le célèbre fabricant des carrés de soie et des sacs Kelly et Birkin, dépositaire du chic français, a enregistré un bénéfice net en hausse de 40,9% à 594,3 millions d'euros, après une année déjà historique en 2010.
"Nous fabriquons de beaux objets (...), je le dis avec fierté, surtout pour les artisans qui les font, c'est là la seule vraie explication" du succès de Hermès, a estimé sur la radio BFM Business le gérant Patrick Thomas, selon qui "l'objet Hermès est un objet unique".
Comme les ventes ou le bénéfice net, le résultat opérationnel et la marge dépassent toutes les attentes. Hermès avait annoncé début février des ventes à 2,84 milliards d'euros (+18,3%). Il réalise un bénéfice opérationnel de 885,2 millions d'euros en hausse de 32,5%, là où les analystes tablaient plutôt sur 30%. La marge opérationnelle, soit 31,2% des ventes, est la meilleure depuis l'introduction en Bourse en 1993.
Ces résultats étincelants incluent une plus-value de cession brute de 29,5 millions d'euros liée à la vente à l'espagnol Puig des 45% que Hermès détenait dans Jean Paul Gaultier.
Le sellier du Faubourg-Saint-Honoré va du coup choyer ses actionnaires, à raison de 7 euros par action: en plus d'un dividende de 2 euros par titre, Hermès va proposer à l'assemblée générale du 29 mai le versement d'"un dividende exceptionnel de 5 euros par action".
Multiplié par le nombre de titres, Hermès s'apprête ainsi à verser 738,9 millions d'euros de dividendes.
"Depuis des années on nous reproche que le rendement sur le titre est faible", a remarqué M. Thomas. Les actionnaires avaient reçu l'an dernier 1,50 euro par action alors que 2010 était un crû spectaculaire pour Hermès.
L'affaire va profiter largement au numéro un mondial du luxe LVMH, du milliardaire Bernard Arnault, qui détient 22,28% du capital de Hermès, au grand dam de ce dernier.
"Si je m'appelais LVMH, j'essaierais d'acheter Hermès, je ne dis pas que c'est une mauvaise décision, mais c'est aussi mon travail de protéger cette maison", a dit M. Thomas jeudi dont le groupe est valorisé en Bourse à 25,7 milliards d'euros.
Hermès avait relevé à deux reprises ses prévisions durant l'exercice 2011.
Ses ventes ont fortement progressé partout, surtout en Amérique et en Asie, et dans toutes les divisions (maroquinerie, vêtements et accessoires, soie et textiles, bijouterie, horlogerie, arts de la table).
Hermès ne fait pas de prévision pour 2012 mais M. Thomas avait dit à l'AFP en février espérer "au moins 10%" de croissance. Hermès franchirait ainsi le cap des 3 milliards d'euros de ventes.
Depuis 2005, la maison familiale créée en 1837 a doublé son chiffre d'affaires. Le bénéfice net a lui doublé en deux ans.
"Hermès continuera à investir dans ses capacités de production et son réseau de distribution avec l'ouverture ou la rénovation d'une quinzaine de succursales", a précisé le groupe, qui, victime de son succès, doit reconstituer ses stocks.
Le groupe a créé 715 nouveaux emplois en 2011 et compte en créer 750 en 2012. Il employait 9.081 personnes fin 2011.
"On pourrait certainement grandir plus vite en volume. Mais notre éthique maison est que nous voulons grandir et pas grossir. Nous limitons notre croissance. Nous avons accepté l'année dernière une grosse limitation à notre croissance", a souligné M. Thomas sur BFM Business.
Concernant Shang Xia, la marque chinoise lancée par Hermès fin 2010 et qui essaimera en fin d'année à Paris avec une boutique rue de Sèvres, elle a "vocation à être vendue mondialement", a dit M. Thomas.