Parachuté à la tête de BPCE à sa création, François Pérol a su mettre sur les rails la banque née pendant la crise financière et se trouve conforté après avoir été relaxé jeudi dans le dossier concernant les conditions de sa nomination.
Avant de diriger le groupe issu du rapprochement de Caisse d'Epargne et de Banque Populaire, M. Pérol, 51 ans, a fait plusieurs allers-retours entre le monde politique et le secteur de la finance.
Secrétaire général adjoint de l'Elysée sous Nicolas Sarkozy à partir de 2007, il est le principal conseiller économique de l'ancien président de la République, pilotant par exemple la fusion entre GDF et Suez. Il avait déjà eu l'occasion de côtoyer M. Sarkozy à Bercy en 2004 et 2005.
Il rejoint en 2005 la banque Rothschild and Cie comme associé gérant. Il conseille notamment Banque Populaire lors de la création de Natixis, filiale commune avec Caisse d'Epargne.
Le curriculum vitae de François Pérol semblait le prédestiner à tel parcours: HEC, Sciences-Po Paris, ENA (major de sa promotion) et inspection des Finances.
Ces dernières années, une ombre planait néanmoins au-dessus de son parcours, à savoir les conditions de sa prise de fonction à BPCE.
Empêtrés depuis des mois dans des tractations sans fin alors que la crise financière les fragilise, les dirigeants de Caisse d'Epargne et de Banque Populaire provoquent l'impatience de Nicolas Sarkozy, qui appuie, début 2009, la nomination de M. Pérol à la tête des deux établissements pour accélérer leur fusion.
Placé au gouvernail de deux groupes mutualistes qui vivent mal cette intrusion, aggravée par l'injection de 7,1 milliards d'euros de l'Etat pour les soutenir, François Pérol démarre son mandat dans un climat de vive polémique.
Il lui est alors reproché de ne pas avoir sollicité l'avis de la Commission de déontologie sur sa nomination, ce qui lui a valu d'être poursuivi pour prise illégale d'intérêts.
Il a été relaxé dans ce dossier jeudi par le tribunal correctionnel de Paris, se trouvant ainsi conforté à son poste, alors qu'une condamnation aurait pu précipiter son départ.
- "Un patron très compétent" -
Venus de la politique ou de la finance, ceux qui ont approché cet homme souriant, aux cheveux grisonnants, louent son affabilité, le disent "très pragmatique".
"Il est brillantissime, rapide et efficace. Rarement un conseiller économique de président de la République a joué un rôle aussi important", assurait Jean-François Copé, ex-patron de l'UMP, au moment de son départ de l'Elysée.
Ses pairs, patrons de banque, ne tarissent pas d'éloges à son égard: "il a parfaitement su manoeuvrer BPCE et en a fait un groupe très solide", selon l'un d'eux.
"C'est un patron très compétent. Il faut lui reconnaître d'avoir dirigé de fort belle manière son groupe malgré les turbulences", racontait un autre dirigeant.
Pour redresser le groupe bancaire, il s'est attelé à un rétablissement méthodique des comptes, en particulier ceux de sa filiale Natixis.
Se situant au-dessus des querelles politiques qui avaient tant pollué la gouvernance des deux banques, il est parvenu également à ménager les susceptibilités du monde mutualiste, très attaché à son modèle.
Pragmatique, décomplexé mais subtil, il a su tirer parti de cette union pour rationaliser plusieurs métiers de la banque, alors que beaucoup doutaient de la logique de ce rapprochement.
Renouvelé en novembre 2012, son mandat à la tête de BPCE doit s'achever en 2017, soit la même échéance que le plan stratégique actuel du groupe bancaire dont l'un des axes est le développement de ses activités d'assurances.