Rassérénée par des banquiers centraux toujours conciliants avec l'économie mondiale, la Bourse de Paris aura toutefois du mal à trouver les moyens de rebondir davantage la semaine prochaine, faute d'actualité soutenue à l'horizon.
Le ton sera donné dès lundi de Pentecôte, avec un jour férié en France et dans plusieurs pays. La place parisienne ne sera pas fermée mais les échanges n'en seront pas moins limités d'autant que Wall Street et la Bourse de Londres garderont porte close.
Et le reste de la semaine ne devrait pas réserver beaucoup de surprises.
"La place parisienne va manquer de données la semaine prochaine. Les séances risquent d'être assez calmes, surtout avec des marchés américains fermés lundi", estime Isabelle Enos, directrice adjointe de la gestion chez B*Capital (groupe BNP Paribas (PARIS:BNPP)).
"La cote devrait donc se stabiliser sur les niveaux actuels, sans catalyseur pour aller vraiment plus haut", complète-t-elle.
Les investisseurs surveilleront néanmoins les quelques statistiques américaines au programme, comme les commandes de biens durables en avril ou les ventes de logements neufs pour le même mois.
"Les derniers indicateurs américains sont restés mitigés et montrent que l'économie américaine souffre encore de facteurs temporaires mais également à plus long terme de l'appréciation du dollar et de la baisse des prix du pétrole", souligne Olivier Raingeard, chef économiste de la Banque Neuflize OBC.
"Même si la semaine prochaine sera plutôt une période de transition en termes macroéconomiques, les chiffres américains permettront de voir si l'essoufflement de l'économie perdure ou pas", ajoute-t-il.
Selon lui, "ce qui va sans doute animer le marché, ce seront les avancées éventuelles sur le dossier grec", car "plus nous allons approcher du début juin, où la Grèce doit rembourser une nouvelle tranche de prêt au FMI, et plus les inquiétudes sont susceptibles de monter".
"La Grèce reste en toile de fond" juge également Mme Enos. "Ce dossier constitue depuis des mois une épine dans le pied des marchés qui occultent généralement le problème, mais qui seraient vraiment soulagés en cas de règlement", analyse-t-elle.
- BCE et FED en vedette -
Les banques centrales et les discours de leurs responsables seront toujours aussi scrutés, les places financières cherchant sans relâche dans les politiques monétaires accommodantes de quoi se rassurer.
La semaine écoulée leur a fourni beaucoup d'éléments en la matière, ce qui a d'ailleurs permis à la Bourse de Paris de signer sa meilleur semaine d'un mois de mai marqué par des séances très erratiques.
L'indice parisien a ainsi gagné au total 2,99% pour terminer vendredi à 5.142,89 points. Sa progression depuis le début de l'année atteint désormais 20,36%.
"La semaine a été plutôt bonne sur les marchés, malgré des volumes qui se sont un peu affaissés en Europe et aux Etats-Unis", note Mme Enos.
"En Europe les banquiers centraux ont soutenu la tendance en confirmant que la BCE n'arrêterait pas son programme d'assouplissement monétaire plus tôt que prévu et se tiendrait à ses engagements".
Les déclarations de Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, affirmant mardi que l’institution prévoyait de gonfler ses achats de dettes en mai et en juin pour compenser un volume moindre d'achats à prévoir en juillet et août et maintenir ainsi la moyenne mensuelle de 60 milliards d'euros, ont tout particulièrement rassuré les marchés.
Un discours de la présidente de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen, est également attendu après la clôture des marchés européens vendredi.
Selon Mme Enos, "même si le rebond de l'économie américaine au deuxième trimestre semble acté, il ne s'annonce pas très vigoureux" et les investisseurs veulent savoir comment la Fed "visualise ce ralentissement économique et comment elle va le traduire dans son calendrier de remontée des taux directeurs".
Mais jusqu'ici, ajoute-t-elle, les banquiers centraux ont une "communication très fine, avec des déclarations régulières, pour éviter aux marchés toute mauvaise surprise".