François Hollande a appelé lundi les partenaires sociaux à être "à la hauteur" de la réaction des Français aux attentats qui ont ensanglanté Paris par une lutte déterminée contre le chômage, "une menace pour la cohésion de notre pays".
"Le peuple français a su répondre à l'agression dont il était la cible par une mobilisation républicaine sans précédent", a fait valoir le chef de l'Etat qui présentait ses voeux aux "acteurs de l'entreprise et de l'emploi" sous les ors de l'Elysée.
Et d'insister: "Je sais que vous veillerez dans les décisions que vous aurez à prendre dans les prochains jours, prochaines semaines, prochains mois à être vous aussi à la hauteur de ce qui s'est produit dans notre pays".
Le président Hollande s'exprimait devant un parterre de plusieurs centaines de responsables syndicaux et patronaux ainsi que le chef du gouvernement Manuel Valls et plusieurs ministres dont celui du Travail, François Rebsamen.
"C'est cette même nation qui doit, après l'épreuve qu'elle a surmontée avec fierté, dignité, unité, se retrouver aujourd'hui pour donner à notre pays la force économique qui lui permettra à la fois de peser sur la scène mondiale et d'offrir un avenir à chacun de nos concitoyens", a-t-il plaidé, enchaînant: "Je sais que vous avez cette responsabilité au coeur".
Concrètement, le président Hollande a appelé syndicats et patronat à "accélérer la marche" des négociations sur le Pacte de responsabilité dans les nombreuses branches professionnelles qui ne l'ont pas encore mis en oeuvre.
"Un mouvement est engagé, onze branches représentant quatre millions de salariés ont abouti à un accord mais ce rythme est encore trop lent", a-t-il déploré, ajoutant que "beaucoup d'autres branches devront donc prendre le chemin et accélérer la marche".
"Un pacte suppose des contreparties", a-t-il encore insisté, visant clairement le patronat qui rechigne à s'engager sur des créations d'emplois alors que le chômage "est une menace pour la cohésion de notre pays".
Annoncé par M. Hollande lors de ses voeux aux Français pour 2014, le Pacte de responsabilité entré en vigueur au 1er janvier octroie 40 milliards d'euros aux entreprises à horizon 2017, en échange de négociations dans les branches professionnelles sur l'emploi notamment.
- Conforme aux revendications patronales -
Second exemple: la modernisation du dialogue social. Un échec serait lourd de conséquences, a averti en substance le chef de l'Etat.
Organisations patronales et syndicales devaient en principe boucler les discussions vendredi dernier, mais après une séquence record (deux jours et une nuit complète), la partie patronale a produit un nouveau texte qui exige de nouvelles négociations qui s'ouvriront jeudi.
Le gouvernement a prévu de légiférer au deuxième trimestre sur ce dossier, qui vise à simplifier et améliorer le dialogue social.
M. Hollande a souligné que cette réforme reposait "forcément sur un équilibre: une organisation plus claire, plus simple, dans l'entreprise, avec une instance représentative principale et de plus grandes souplesses pour la négociation". Et pour les salariés, a-t-il souligné, elle vise "une meilleure représentation dans les petites et moyennes entreprises et des perspectives professionnelles bien mieux garanties" pour les personnes engagées dans les mandats.
Le projet d'accord à l'étude va dans ce sens, avec la création d'une instance unique et une nouvelle forme de représentation pour les salariés des très petites entreprises (TPE, moins de 11 salariés). Mais avec des ambiguïtés qui restent à lever selon les syndicats prêts à accepter l'idée d'une instance unique, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC.
Parmi les premiers à réagir sur le perron de l'Elysée, le numéro un de FO, Jean-Caude Mailly, a vu dans ce discours de François Hollande un appel à conclure un "accord conforme aux revendications patronales" dans les négociations sur la modernisation du dialogue social. "Peut-être qu'il sera dans la délégation patronale jeudi", a-t-il ironisé.
Son homologue de la CFDT, Laurent Berger a également appelé le chef de l'Etat à comprendre qu'il fallait "qu'il mette la pression sur le patronat aujourd'hui" concernant les négociations sur le dialogue social.