La Banque d'Angleterre (BoE) a comme attendu maintenu jeudi sa politique monétaire en l'état et légèrement baissé sa prévision de croissance pour 2017 tout en prévenant qu'un resserrement monétaire serait facilité par une meilleure tenue de l'économie et un Brexit "en douceur".
A l'issue d'une réunion conclue le 10 mai, le Comité de politique monétaire (CPM) de la BoE a maintenu à sept voix contre une son taux directeur à 0,25%, un niveau historiquement bas auquel il est fixé depuis août dernier, quand l'institution avait assoupli sa politique monétaire afin de contrer tout choc potentiel sur l'économie du Royaume-Uni de la décision six semaines auparavant des Britanniques de quitter l'Union européenne (UE).
Le CPM a décidé à l'unanimité de laisser inchangé son programme de rachats d'actifs.
Dans son rapport trimestriel sur l'inflation et la croissance publié en parallèle à la décision de politique monétaire, la BoE a revu en légère baisse sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2017, de 2,0% à 1,9%, suite à un ralentissement plus marqué qu'attendu au premier trimestre.
Selon la première estimation officielle publiée fin avril, la croissance a ralenti à 0,3% au premier trimestre 2017, contre 0,7% fin 2016.
- Consommation ralentie -
Ce ralentissement un peu plus marqué qu'attendu semble principalement dû pour la BoE à un ralentissement marqué de la consommation des ménages, une tendance qui devrait se poursuivre tout au long de 2017 alors que des prix à l'importation plus élevés vont gréver leur pouvoir d'achat.
Dans le même temps, la BoE a relevé sa prévision pour l'inflation à fin 2017, de 2,7% à 2,8%.
L'inflation s'est hissée "au-dessus du niveau cible de 2% alors que les effets de la dépréciation de la livre ont commencé à se traduire dans les prix à la consommation".
"Le CPM s'attend à ce que l'inflation accélère au-dessus de la cible dans les mois à venir pour atteindre un pic juste en dessous de 3% au quatrième trimestre", soit un peu plus que précédemment attendu.
La hausse des prix devrait ensuite ralentir un peu plus que prévu il y a trois mois, grâce notamment au récent rebond de la livre, pour retomber juste au-dessus de 2% mi-2019, restant tout de même au-dessus du niveau cible sur les trois années à venir.
Les effets de la baisse de la livre sterling, survenue après la décision en juin dernier des Britanniques de sortir de l'UE, devrait progressivement diminuer sur trois ans alors que dans le même temps le taux de chômage devrait tomber au niveau de 4,5% vu par la BoE comme le taux d'équilibre post-crise financière pour le marché du travail, et que la hausse des salaires devrait se reprendre considérablement.
La BoE a noté une amélioration des perspectives pour l'économie mondiale et relevé que si l'économie britannique suivait la trajectoire prévue et que "les ajustements liés aux nouvelles relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne se faisaient en douceur", alors "il pourrait être nécessaire de resserrer la politique monétaire de façon un peu plus conséquente" sur les trois ans à venir que ce qui était attendu actuellement
Les observateurs s'accordent à dire que la BoE devrait laisser son taux directeur inchangé tout au long de 2017 comme de 2018 et même jusqu'à courant 2019 au mieux.
Mais pour Kristin Forbes, membre extérieur du CPM, la première estimation du PIB au premier trimestre a exagéré le ralentissement de la croissance, et, avec le faible taux de chômage, les conditions économiques ne justifiaient pas de tolérer une inflation supérieure à la cible, appelant ainsi --comme en mars-- à une hausse de 0,25 point de pourcentage du taux directeur.
Elle n'a pas été rejointe cette fois-ci par d'autres membres;
De son côté, la livre britannique, qui évoluait déjà en baisse, a quelque peu creusé ses pertes face au dollar et à l'euro après les publications de la BoE.