Moral des industriels au beau fixe, croissance du secteur privé soutenue en mars: les indicateurs publiés jeudi laissent présager une croissance robuste en France au premier trimestre, même si des nuages comme la hausse des prix pourraient assombrir l'horizon.
Le moral des industriels français s'est nettement amélioré en mars, avec un progrès de 3 points par rapport au mois précédent qui le fait remonter à son plus haut niveau depuis fin 2007, à 109 points, a annoncé l'Insee.
Les entrepreneurs de l’industrie manufacturière estiment que leur activité est restée soutenue et qu'elle demeurera dynamique au cours des prochains mois. Les carnets de commandes, globaux comme étrangers, se regarnissent.
La croissance de l'activité du secteur privé a par ailleurs continué de s'accélérer en mars en France, soutenue par une hausse des nouvelles affaires, pour atteindre son rythme le plus soutenu depuis huit mois, selon une première estimation de l'indice PMI également publiée jeudi par le cabinet Markit.
L'activité dans le secteur des services a notamment contribué à cette amélioration.
L'expansion de la production manufacturière a ralenti légèrement, affichant un plus bas de deux mois, mais elle reste néanmoins soutenue et supérieure à sa moyenne historique, selon Markit.
Pour Mathilde Lemoine, économiste chez HSBC, la production industrielle devrait "continuer à accélérer et être beaucoup plus forte au premier trimestre qu'au dernier trimestre 2010".
"En janvier, elle était encore inférieure de 9% à son niveau d'avant-crise", a-t-elle rappelé, mais "l'amélioration du moral des industriels pourrait accélérer la reprise".
Le ministre de l'Industrie, Eric Besson, s'est félicité du meilleur moral des industriels. "Les indices d’une accélération de l’activité industrielle en France se multiplient", a-t-il estimé.
"L'amélioration est durable, généralisée à plusieurs pays et à tous les secteurs", a aussi souligné Frédérique Cerisier, économiste chez BNP Paribas.
L'indicateur du climat des affaires en France, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité, s’est en effet également amélioré en mars, gagnant un point à 108 points.
Autant de bonnes nouvelles en ce début d'année pour la croissance française, qui peinait à décoller fin 2010.
Selon Jack Kennedy, économiste du cabinet Markit, ces données laissent augurer une nette accélération de la croissance du produit intérieur brut au premier trimestre 2011, après la progression modérée de 0,3% enregistrée fin 2010.
"La probabilité de voir la croissance atteindre 0,8% au premier trimestre se renforce", ont de leur côté estimé les économistes d'Exane BNP Paribas, rejoignant la prévision de la Banque de France.
Mais quelques risques pèsent toujours sur l'économie française.
"Les fortes tensions inflationnistes ne présentent aucun signe d'affaiblissement", a ainsi prévenu Jack Kennedy. "Les entreprises répercutent en effet de façon croissante la hausse des prix des matières premières sur leurs clients, érodant ainsi le pouvoir d'achat des ménages", a-t-il relevé.
Outre la flambée des matières premières et du pétrole, d'autres menaces se sont ajoutées ces dernières semaines, comme les tensions géopolitiques dans le monde arabe, a aussi pointé Marc Touati, d'Assya Compagnie Financière.
"Il faut profiter de l’accalmie actuelle car cette dernière risque d’être suivie par des lendemains beaucoup plus difficiles", a lancé l'économiste.