Privée de certains indicateurs-clé pour jauger de la reprise américaine, Wall Street va se concentrer sur une série de résultats d'entreprises la semaine prochaine, confiante dans l'imminence d'un accord sur la dette à Washington.
Au cours des cinq dernières séances, le Dow Jones Industrial Average, indice vedette réunissant 30 valeurs de la Bourse de New York, a avancé de 1,09% pour finir à 15.237,11 points.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a pour sa part légèrement reculé, de 0,42%, à 3.807,75 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 a progressé de 0,75% à 1.703,20 points.
"Le marché veut être optimiste sur un accord sur la dette, c'est un problème qu'il écarte pour se tourner maintenant vers les résultats d'entreprises", observe Peter Cardillo.
La simple reprise des discussions jeudi entre le président Barack Obama et ses adversaires républicains au Congrès a suffi à faire rebondir les indices, même si aucun accord n'a été concrètement scellé pour éviter un défaut de paiement au pays.
Les élus n'ont plus que quelques jours, puisque la date limite arrive à grands pas: jeudi 17 octobre, les caisses de l'Etat seront vidées, a prévenu à plusieurs reprises le Trésor américain.
La question sera donc omniprésente malgré l'optimisme ambiant. "Washington sera dans l'esprit des investisseurs", affirme William Lynch, de Hinsdale Associates.
Résultats de Google, Coca-Cola...
Le blocage actuel empêche par ailleurs la publication d'informations cruciales sur l'économie, comme le niveau du chômage qui a dû être reporté en raison de la fermeture partielle des services de l'Etat américain, note l'expert.
Mais les analystes de IHS Global Insight Doug Handler et Paul Edelstein estiment que "des pertes d'emplois dans le privé vont s'accélérer tant que la fermeture des services publics continuera".
Les experts estiment que cette question sera la "principale source des pertes économiques" si elle n'est pas résolue dans les semaines à venir.
Par ailleurs, ils font remarquer le bond des taux d'intérêt des titres du Trésor à court terme, notamment celui des obligations à un mois, causé par les dangers potentiels d'une incapacité de l'Etat américain à faire face à ses dettes.
Un tel effet ne touche pas autant les obligations à long terme car "personne n'imagine que le plafond de la dette sera le même pour une longue période", affirment-ils. Dans ces conditions, "l'impact sur les marchés financiers est largement cantonné aux titres de court terme", ajoutent-ils.
A défaut d'indicateurs, ce sont les résultats trimestriels de "grands noms de la place financière new-yorkaise qui attireront l'attention et permettront aux investisseurs de prendre le pouls de l'économie", affirme Peter Cardillo.
Ainsi, Google, Yahoo!, Intel du côté des technologies, Goldman Sachs et Bank of America dans le secteur bancaire, ou encore General Electric et Coca-Cola publieront leurs résultats pour le troisième trimestre tout au long de la semaine.
Dans le fond, l'optimisme actuel des marchés tient aussi à un nouvel élément, observe William Lynch: la confirmation mercredi par Barack Obama de la nomination de Janet Yellen, actuelle numéro 2 de la banque centrale américaine (Fed), aux manettes de l'institution après le départ de Ben Bernanke le 31 janvier. "Elle est perçue comme ayant les mêmes préférences que M. Bernanke pour une politique accommodante", affirme M. Lynch.
Wall Street est une grande bénéficiaire des largesses de la Fed, qui injecte chaque mois 85 milliards de dollars sous forme de rachats de bons du Trésor et de titres hypothécaires.