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MyFerryLink évincé de Douvres, Eurotunnel à la recherche d'un repreneur

Publié le 09/01/2015 19:43
La compagnie maritime MyFerryLink, s'est vue interdire en appel de desservir Douvres, conduisant Eurotunnel à se dire contrainte de chercher un repreneur (Photo Philippe Huguen. AFP)

La compagnie maritime MyFerryLink, s'est vue interdire en appel de desservir Douvres, conduisant Eurotunnel à se dire contrainte de chercher un repreneur (Photo Philippe Huguen. AFP)

La compagnie maritime française MyFerryLink (ex-SeaFrance), s'est vue interdire en appel de desservir Douvres par les autorités britanniques vendredi, conduisant Eurotunnel, propriétaire de ses bateaux, à se dire contrainte de chercher un repreneur.

Le Tribunal d'appel de la Concurrence (CAT) britannique a annoncé avoir rejeté un appel d'Eurotunnel et donc confirmé une décision du 27 juin selon laquelle le groupe ne doit plus être autorisé à exploiter le service de MyFerryLink depuis Douvres.

L'autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA) avait alors estimé que MyFerryLink devait être indépendante d'Eurotunnel, exploitant du tunnel sous la Manche.

La direction d'Eurotunnel a dénoncé une décision "illogique" du CAT: "elle réduit la concurrence sur le détroit et porte atteinte à la liberté d'entreprendre. Le CAT contraint le groupe à se retirer de cette activité".

"Devant l'interdiction d'opérer sous six mois qui lui est faite, et pour valoriser le travail effectué, Groupe Eurotunnel va chercher un repreneur pour la compagnie MyFerryLink", a-t-elle précisé dans un communiqué.

Dans un interview au journal Le Figaro à paraître samedi, le PDG d'Eurotunnel Jacques Gounon a considéré cette issue "très injuste".

"En additionnant les parts de marché du tunnel et de MyFerryLink, nous détenons 49% du trafic Calais-Douvres. Nous ne sommes pas à 70 ou 80%. Notre position est importante, mais pas dominante", a-t-il estimé.

Le secrétaire d'Etat chargé des transports Alain Vidalies a aussi qualifié de "profondément injuste, notamment pour les salariés", la décision britannique. Il a par ailleurs assuré que "la détermination du gouvernement français à trouver une solution pour permettre la poursuite de l'activité de MyFerryLink est totale".

Le personnel de la compagnie n'est pas salarié d'Eurotunnel puisque MyFerryLink est constituée en société coopérative et participative (SCOP). Elle compte 533 emplois en France et 71 en Grande-Bretagne.

La question des conséquences sociales de ces développements est aussi au coeur des inquiétudes des élus locaux et des syndicats de salariés.

"On va être attentif à ce que va faire l'actionnaire principal (Eurotunnel, ndlr), car il ne faut pas qu'il nous lâche", a déclaré à l'AFP Eric Vercoutre, secrétaire du comité d'entreprise et secrétaire du syndicat maritime nord.

- "habitués à se battre" -

Didier Cappelle, président du conseil de surveillance de la SCOP, s'est dit également "extrêmement déçu". "Mais ce n'est pas l'abattement, et les ex-SeaFrance sont habitués à se battre", a-t-il déclaré.

"La décision négative de la CAT vient contrarier sur le terrain des arguments juridiques une réalité économique du pavillon français et un modèle économique innovant et solidaire", a pour sa part estimé Frédéric Cuvillier, député-maire socialiste de Boulogne-sur-Mer et ancien ministre de la Mer, dans un communiqué.

La sénatrice-maire UMP de Calais, Nathalie Bouchart, a également confié sa "déception". "Après toute l'énergie déployée pour appuyer la compagnie et ses 650 emplois, j'ai vraiment le sentiment que la Grande-Bretagne méprise le Calaisis (...). Je déplore vivement l’absence totale du gouvernement français dans cette affaire".

"MyFerryLink est une réussite industrielle et commerciale", a affirmé Jacques Gounon. Mais "compte tenu de la position britannique, l'avenir de MyFerryLink se jouera maintenant en dehors du groupe".

De son côté, la SCOP a annoncé vendredi qu'elle allait "interjeter appel, dans les jours qui viennent, devant la juridiction britannique".

"Durant cette période, la Compagnie maritime continuera à opérer sur la ligne transmanche, offrant à sa clientèle un même service de qualité", a-t-elle assuré.

Eurotunnel a rappelé qu'elle avait "acheté les actifs de la défunte SeaFrance en juin 2012 dans le cadre d'une procédure ouverte et publique" et souligné qu'en 2014, "MyFerryLink (...) a atteint ses objectifs: près de 400.000 camions et 350.000 voitures transportés".

Toutefois, MyFerryLink avait enregistré des pertes de 14 millions d'euros au premier semestre 2014, tirant vers le bas les résultats du groupe Eurotunnel (-11 millions) pour cette période, dans un secteur aux fortes variations d'activité saisonnière. "Elle aurait été à l'équilibre en 2015", a assuré Jacques Gounon dans Le Figaro.

Avec DFDS Seaways et P&O Ferries, MyFerryLink est l'une des trois compagnies desservant la ligne Calais-Douvres, principal point d'entrée pour le trafic transmanche en Grande-Bretagne.

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