Le Premier ministre russe Vladimir Poutine, poursuivant son opération de séduction envers les investisseurs étrangers, a assuré mardi que l'Etat allait desserrer son emprise sur l'économie du pays.
S'exprimant lors d'un forum organisé par la banque publique VTB et réunissant hommes d'affaires et analystes russes et étrangers, l'homme fort du pays a garanti que celui-ci ne reviendrait pas en arrière et qu'il resterait "une économie de marché libérale".
"A mesure que la situation va se stabiliser (...), nous avons l'intention de réduire méthodiquement et précisément l'ingérence du gouvernement dans l'économie et nous allons mettre en oeuvre un processus de privatisation", a-t-il expliqué.
M. Poutine a reproché aux hommes d'affaires de s'être trop reposés sur l'Etat ces derniers mois. "Nous avons ressenti la volonté de nos collègues des milieux d'affaires de puiser dans l'Etat et ils ont commencé à oublier la liberté, le marché", a-t-il dit.
De son côté, le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, a indiqué que l'Etat envisageait à moyen terme de se retirer du capital de plusieurs entreprises dans lesquelles il est entré pendant la crise.
"Nous allons être obligés d'accroître notre part (dans certaines entreprises, ndlr), en 2009 et peut-être en 2010 mais à moyen-terme nous envisageons de sortir de ces paquets (d'actions, ndlr) dans lesquels nous sommes entrés pendant la crise", a-t-il déclaré.
"Cela concerne aussi la VTB", a-t-il ajouté. Le gouvernement a procédé en juillet à une augmentation massive de capital de l'établissement public, de plus de 4 milliards d'euros, afin de lui permettre de faire face aux turbulences qui ont touché de plein fouet la Russie, et en particulier le secteur bancaire.
Un peu plus tard, M. Koudrine a précisé que l'Etat prévoyait de vendre ses parts dans certaines entreprises du secteur "pétrolier", de celui des "télécommunications" ou encore du secteur aérien, dans un "horizon de trois ans et plus".
De son côté, la ministre du Développement économique, Elvira Nabioullina, a souligné que ces privatisations avaient pour but d'"accroître les recettes du budget", qui est tombé dans le rouge cette année pour la première fois depuis dix ans.
Le 23 septembre, le vice-Premier ministre Igor Chouvalov et le vice-ministre russe du Développement économique, Andreï Klepatch, avaient déjà indiqué que la Russie prévoyait de procéder prochainement à de nouvelles privatisations, et que celle du groupe pétrolier Rosneft était "à l'étude".
Mardi, Mme Nabioullina a toutefois démenti que l'Etat voulait vendre sa part dans cette compagnie. "Concerant Rosneft, il n'y a pas de proposition", a-t-elle dit, citée par les agences russes.
Ces annonces interviennent alors que les autorités russes multiplient les appels aux étrangers, reconnaissant que le pays souffre d'un manque chronique d'investissements, notamment dans ses infrastructures.
Un changement de cap rendu nécessaire par la crise: ces dernières années, alors que le pays connaissait des taux de croissance éloquents, l'Etat russe avait nettement resserré son contrôle sur l'économie du pays, notamment dans les industries de matières premières, s'attirant ainsi les critiques des milieux économiques étrangers.
Signe de cette ouverture, M. Poutine a convié jeudi les majors étrangères à participer au gigantesque gisement gazier Iamal, dans le Grand nord russe, tâchant de faire oublier que certaines d'entre elles avaient été victimes de la sévère reprise en main par l'Etat des ressources naturelles stratégiques du pays, au milieu des années 2000.