Renault, qui a renoué avec les bénéfices en 2010, a présenté jeudi un nouveau plan stratégique "prudent" à l'horizon 2016, avec l'objectif d'ici deux ans de battre son record de ventes, à 3 millions de voitures, et d'améliorer sa rentabilité.
Le constructeur automobile prévoit d'avoir 48 modèles pour toutes ses marques (Renault, Dacia et Renault-Samsung) au terme de ce plan stratégique à fin 2016, contre 40 en 2010.
La marque au losange entend s'appuyer sur les voitures électriques avec la commercialisation d'ici 2012 de quatre nouveaux modèles: Fluence Z.E, Kangoo et Twizy et la Zoe.
"Il y aura beaucoup d'innovations", a promis le PDG Carlos Ghosn, sans toutefois préciser combien de modèles entièrement nouveaux seraient lancés.
En 2013, à mi-étape de ce plan baptisé "Drive the change" (Conduire le changement), Renault espère vendre trois millions de véhicules. L'an dernier, il avait établi un record de ventes avec 2,6 millions d'unités.
"Les 400.000 additionnelles que nous prévoyons de vendre proviendront essentiellement hors d'Europe", a précisé M. Ghosn.
A cette date, les voitures à bas prix représenteront entre 28 et 30% des ventes, dont la moitié (15%) pour la marque roumaine Dacia, a détaillé le directeur commercial Jérôme Stoll.
Les véhicules électriques représenteront 100.000 ventes en 2013, espère Renault.
"C'est un plan robuste avec des hypothèses dans certains cas assez conservatrices pour s'assurer que Renault ait toutes les chances de son côté pour réussir", a reconnu M. Ghosn.
Dans le plan précédent lancé en 2006 et baptisé "contrat 2009", Renault prévoyait notamment un accroissement de 800.000 unités. Mais les objectifs n'avaient pas été atteints en raison de la crise économique qui avait touché l'ensemble du secteur.
"On est plus prudent sur les volumes pour +Drive the change+ à cause des déboires que nous avons eus sur le contrat 2009", s'est défendu Carlos Ghosn.
Ces perspectives ont déçu les marchés: à la Bourse de Paris, le titre Renault a accusé la plus forte baisse de la séance, clôturant à 47,25 euros (-2,72%), dans un marché en légère hausse de 0,11%. Une baisse qui s'explique notamment par un ralentissement des ventes automobiles en France et des prévisions du groupe que le marché juge trop lointaines.
Le groupe est revenu dans le vert l'an dernier avec un bénéfice de 3,42 milliards d'euros grâce à la hausse de ses ventes, soutenues par des aides gouvernementales en France, après deux années difficiles. Il a aussi profité d'une plus-value exceptionnelle de 2 milliards liée à la cession en octobre de parts dans le constructeur suédois de camions Volvo.
Le constructeur compte sur une réduction de coûts pour atteindre ses objectifs, grâce à des synergies qui devraient lui permettre avec ses partenaires au sein de l'alliance Renault-Nissan de réaliser "au minimum 1 milliard d'euros" d'économies par an.
Il a aussi réaffirmé un ajustement de ses capacités en Europe et une augmentation de la production dans le reste du monde.
Renault veut concentrer l'activité des usines d'Europe occidentale sur les productions à forte valeur ajoutée, soit principalement le haut et le moyen de gamme. Ces ajustements se feront sans fermeture de site ni plan social, a réaffirmé Carlos Ghosn.
Le constructeur compte étendre son expansion au Brésil, en Inde et Russie, ses "trois priorités". Il espère obtenir d'ici fin 2011 le contrôle du russe Avtovaz, dont il détient déjà 25% du capital. En revanche, il n'y a pas de projet Chine pour Renault dans l'immédiat.