BERLIN (Reuters) - L'Allemagne devra finir par suivre l'exemple d'autres pays européens et interdire à terme la mise en circulation de nouveaux véhicules diesel, a déclaré Angela Merkel, admettant pour la première fois que les jours du diesel sont comptés depuis le scandale des émissions polluantes.
Ces propos, dans un entretien au magazine allemand Super Illu, sont publiés au coeur d'un été marqué entre autres, en Allemagne, par la montée de la pression sur les constructeurs automobiles dans le dossier du diesel, qui mêle des enjeux économiques, politiques, écologiques et de santé publique.
La chancelière allemande, qui vient de reprendre sa campagne électorale pour les élections fédérales du 24 septembre après trois semaines de pause, a toutefois refusé de s'engager sur un calendrier précis pour la fin des moteurs diesel.
"Je ne veux pas donner une année précise", a-t-elle dit, mais elle a estimé que les projets du Royaume-Uni et de la France de supprimer progressivement les voitures à combustion interne d'ici à 2040 "vont dans le bon sens".
L'avenir du secteur automobile, premier exportateur Allemand, qui représente environ 800.000 emplois, est devenu un enjeu majeur de la campagne électorale.
Le gouvernement et les constructeurs allemands ont signé au début du mois un accord prévoyant de modifier les moteurs de 5,3 millions de véhicules diesel pour les rendre moins polluants, une démarche censée redorer la réputation du secteur, mise à mal depuis que Volkswagen (DE:VOWG_p) a reconnu en 2015 une tricherie à grande échelle sur le niveau des émissions polluantes de ses moteurs.
Ces dernières semaines, les ministres et porte-parole du gouvernement avaient refusé de s'engager sur une disparition progressive des voitures diesel tant qu'Angela Merkel n'était pas rentrée de vacances.
Revenant sur ses propos du week-end à Dortmund, la chancelière a réaffirmé au magazine allemand qu'il était de la responsabilité des constructeurs de retrouver la confiance des consommateurs après le scandale des émissions polluantes, y compris via des promotions et des mises à jour de logiciels.
Les consommateurs, qui ont été "trompés", doivent pouvoir compter sur les performances promises en matière de respect de l'environnement, a-t-elle dit.
Mais les avantages fiscaux favorisant les voitures diesel resteront en vigueur pour le moment puisque ces véhicules émettent moins de dioxyde de carbone que les moteurs à essence, a-t-elle précisé.
Bien que l'industrie automobile allemande ait contribué aux excellentes performances de l'économie, ce qui devrait favoriser la réélection de Merkel, les constructeurs ont été dans l'ensemble plus lents que leur concurrents étrangers à se tourner vers la voiture électrique.
Angela Merkel a ajouté que la priorité des années à venir devait aller au développement d'infrastructures de recharge de batteries pour pouvoir mettre plus de voitures électriques en circulation.
Elle a par ailleurs exclu d'imposer le retrait de la circulation des véhicules polluants déjà en circulation car cela reviendrait selon elle à "punir ceux qui ont acheté des voitures en toute bonne foi".
(Thomas Escritt, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)