Les librairies Chapitre vont se déclarer en cessation de paiement lundi devant le tribunal de commerce de Paris, a annoncé jeudi la direction après avoir informé les élus du personnel, qui se sont dit "écœurés" de ce dépôt de bilan concernant 53 librairies et 1.200 salariés.
"La direction des Librairies Chapitre a consulté le CE (Comité d'entreprise) pour une déclaration de cessation des paiements qui sera examinée par le tribunal de commerce de Paris le 2 décembre", a indiqué le groupe dans un communiqué.
Le président du réseau des Librairies Chapitre, Michel Rességuier, cité dans le communiqué, estime toutefois que "toutes les conditions sont réunies pour bénéficier d'une poursuite d'activité" et assure rester mobilisé "pour que le plus grand nombre de librairies soit repris".
Selon la direction, "la fragilité de la situation économique (des pertes entre 15 et 20 millions d'euros depuis sa constitution en 2009)" a notamment "précipité la cessation de paiement du réseau des Librairies Chapitre".
Le site internet "Chapitre.com", entité distincte, "n'est pas concerné", a-t-elle ajouté.
Dans un contexte difficile pour le marché du livre et le secteur de la distribution de biens culturels en général, comme en témoigne la liquidation de Virgin l'été dernier, les librairies Chapitre ont aussi souffert "de problèmes d'approvisionnement de livres, absolument crucial à cette période de l'année", indique la direction.
"Ce sont des liquidateurs, ils ont liquidé. Nous sommes dans le plus grand écœurement. Nous avions dénoncé les chose depuis très longtemps", a réagi à la sortie du comité d'entreprise Catherine Cheylat, déléguée CGT, premier syndicat chez Chapitre.
Les élus du personnel se disent également "dans une grande colère vis-à-vis de l'actionnaire unique, le fonds d'investissement américain Najafi, qui ne veut pas donner un sou", a assuré la syndicaliste.
Après avoir lancé un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) en avril, qui envisageait la vente ou la fermeture de 12 librairies et la suppression de 271 emplois sur 1.200, la direction avait annoncé début octobre la mise en vente de toutes ses librairies (57), avec pour objectif d'achever la cession avant l'été 2014.
Elle avait fixé au 2 décembre la date limite de dépôt des offres. Mais seules quatre librairies ont depuis été cédées.
Le ministère de la Culture a indiqué à l'AFP que la ministre Aurélie Filippetti suivait le dossier "de près" et que la direction de Chapitre serait reçue au ministère dans la soirée.
Soulignant que "l'intersyndicale avait été reçue au ministère la semaine dernière", le ministère s'est aussi dit "très attentif autant sur le dossier général de Chapitre qu'à la reprise des librairies une par une", les dossiers étant examinés "au cas par cas".
Le réseau de Librairies Chapitre est une filiale du groupe Actissia (France Loisirs, Chapitre.com), numéro 2 de la distribution du livre en France.
L'Hexagone compte quelque 3.500 librairies (dont 600 à 800 "indépendantes", n'appartenant pas à un éditeur, une chaîne ou une grande surface). A titre de comparaison, il y en a à peine 1.000 en Grande-Bretagne.
Le Syndicat de la librairie française (SLF) a estimé jeudi que pour être sauvées, les librairies devaient être "reprises" par des indépendants.
"On ne peut que regretter la cessation de paiement de cette chaîne. Mais le fonctionnement d'une chaîne, c'est la rationalisation à tout-va, de façon centralisée, et l'on voit que ça ne marche pas", a déclaré à l'AFP le délégué général du SLF Guillaume Husson.