L'agence d'évaluation financière américaine Standard and Poor's a annoncé mercredi avoir abaissé la note de solvabilité de l'Espagne, celle-ci n'étant désormais plus qu'à un cran de la catégorie des emprunteurs spéculatifs.
Le gouvernement espagnol a affirmé jeudi vouloir "lutter" pour "démentir" cette dégradation. "Je crois que cette agence fait des projections" concernant les perspectives économiques de l'Espagne, mais "nous, ce que nous voulons, avec l'action du gouvernement, c'est démentir ces projections", a affirmé le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Inigo Mendez de Vigo, sur la radio nationale.
Vers 08H45 (06H45 GMT), le taux à 10 ans de l'Espagne montait à 5,914% à la suite de la dégradation, contre 5,804% mercredi soir.
S&P a abaissé de deux crans, de "BBB+" à "BBB-", la note qu'elle attribue à la dette publique espagnole à long terme.
L'Espagne demeure ainsi dans la catégorie des pays en mesure de faire face à leurs obligations de manière adéquate, mais la note qui lui est attribuée est la plus faible dans la catégorie des investissements jugés fiables.
L'agence associe en outre une "perspective négative" à la note du pays, signe qu'elle pourrait l'abaisser encore à moyen terme, ce qui relèguerait automatiquement les obligations d'Etat espagnoles dans la catégorie des investissements qu'elle juge spéculatifs.
Pour S&P, l'abaissement de la note espagnole est la conséquence de "risques croissants pour les finances publiques espagnoles dus à une hausse de la pression économique et politique".
"L'intensification de la récession est en train de limiter les mesures que peut prendre l'Etat espagnol", écrit l'agence dans un communiqué.
"La hausse du chômage et les restrictions budgétaires sont susceptibles d'intensifier le mécontentement social et de contribuer aux tensions existantes entre le gouvernement fédéral espagnol et ceux des régions", ajoute le texte.
L'agence, qui a des "doutes sur l'engagement de certains gouvernements de la zone euro à mutualiser les coûts de la recapitalisation des banques espagnoles" y voit un "facteur déstabilisant pour la perspective de la note de crédit du pays".
Selon elle, la perspective négative associée à la note espagnole traduit la persistance "de risques importants pesant sur la croissance économique et l'exécution du budget de l'Espagne, et le manque de direction politique claire de la part de la zone euro".
S&P a abaissé la note de l'Espagne à un niveau équivalent au "Baa3" qu'attribue sa concurrente Moody's à la note de l'Etat fédéral espagnol, mais cette dernière pourrait être abaissée dans les jours qui viennent.
Moody's, qui procède à un examen de cette note depuis la mi-juin, a en effet indiqué le 2 octobre qu'elle annoncerait d'ici à la fin du mois si elle décide de la maintenir ou de l'abaisser.
Quatrième économie de la zone euro, l'Espagne est sous la pression des marchés et d'une partie de ses partenaires européens qui souhaitent voir le pays demander une assistance financière internationale.
En visite à Paris mercredi, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a éludé une question sur l'éventualité que son pays demande une aide globale.
Alors que le Fonds monétaire international vient de publier des prévisions particulièrement mauvaises sur l'économie espagnole, M. Rajoy a dit espérer que celles-ci n'allaient "pas se réaliser".
Selon le FMI, le PIB espagnol devrait se contracter de 1,3% en 2013, et non plus de 0,6%, comme l'institution l'avait indiqué auparavant. S&P est encore plus pessimiste, qui table sur une contraction de 1,4% en 2013, après un recul de 1,8% en 2012.
La troisième grande agence de notation, Fitch, a confirmé début octobre à "BBB" la note qu'elle attribue à l'Espagne, soit un cran au-dessus de celles de S&P et Moody's.