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La traque des tueurs de Charlie Hebdo se poursuit

Publié le 09/01/2015 07:34
© Reuters. LA POLICE POURSUIT SA TRAQUE DES TUEURS DE CHARLIE HEBDO

par John Irish

CORCY, Aisne (Reuters) - La traque des tueurs de Charlie Hebdo s'est concentrée jeudi sur deux frères, dont l'un a déjà été condamné pour avoir tenté de rejoindre l'Irak pour se battre aux côtés des combattants islamistes, avec un accent tout particulier sur la Picardie.

"Tous les moyens sont mis en oeuvre pour appréhender les suspects", a dit le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, lors d'une déclaration aux médias.

Il a ajouté que des opérations lourdes de police étaient en cours dans la région de Villers-Cotterêts (Aisne), à 80 km au nord-est de Paris, pour appréhender les frères Chérif et Saïd Kouachi, dont la présence sur place a été signalée par des témoins -- quelque 90 d'entre eux ont été entendus.

Le dispositif a été allégé en fin de soirée et les fouilles dans la forêt ont été arrêtées, a constaté un journaliste de Reuters.

Neuf personnes ont été placées en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur l'attentat qui a fait douze morts mercredi, dont huit journalistes et deux policiers, une attaque sans précédent en France et qualifiée de "terroriste" par François Hollande.

Une fusillade s'est en outre déroulée jeudi matin à Montrouge, au sud de Paris, tuant une jeune policière et blessant un agent de la voirie.

"Aucun élément ne permet à ce stade d'établir un lien entre ces deux événements", a dit Bernard Cazeneuve.

L'une des personnes en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur la tuerie de Charlie Hebdo est un homme de 18 ans, Hamyd Mourad, qui s'est présenté de lui-même mercredi soir au commissariat de Charleville-Mézières, dans les Ardennes.

Selon une source judiciaire, il est lié à l'un des deux principaux suspects de la fusillade de Charlie Hebdo mais sa présence sur les lieux de la tuerie de Paris mercredi serait impossible, dans la mesure où il aurait été en classe.

Les huit autres personnes en garde à vue sont des proches ou des membres de l'entourage des frères Kouachi.

Manuel Valls a déclaré que la "principale préoccupation" des autorités françaises était que les suspects passent de nouveau à l'action, tout en mettant en garde contre la diffusion d'informations risquant de mettre en danger leur interpellation.

"C'est pour cela que des milliers de policiers et de gendarmes, d'enquêteurs, sont mobilisés pour appréhender ces individus", a dit le Premier ministre.

AVIS DE RECHERCHE

La préfecture de police de Paris a lancé mercredi soir un appel à témoins et un avis de recherche avec les photos de Chérif Kouachi, 32 ans, et Saïd Kouachi, 34 ans.

Les frères sont originaires du XIXe arrondissement de Paris et l'un d'eux, le plus jeune, a déjà purgé une peine de quatre ans de prison après avoir tenté de gagner l'Irak en 2005 pour y rejoindre des combattants islamistes.

Selon Bernard Cazeneuve, aucun élément permettant des poursuites judiciaires n'avait été relevé à leur rencontre au moment de leur passage à l'acte supposé.

Il a confirmé que la carte d'identité de Saïd Kouachi avait été retrouvée dans la Citroën C3 que les suspects ont abandonnée dans leur fuite près de la porte de Pantin à Paris, quelques dizaines de minutes après la tuerie de Charlie Hebdo.

Saïd Kouachi a été "formellement reconnu" sur une photo comme étant l'un des auteurs de l'attentat, a ajouté Bernard Cazeneuve, qui a fait état de "lourdes opérations de police scientifique et technique" ainsi que de vérifications téléphoniques et sur internet pour retrouver les suspects.

La traque s'est concentrée jeudi dans une zone entre Crépy-en-Valois (Oise) et Villers-Cotterêts (Aisne).

Un pompiste de l'Aisne a dit avoir aperçu les suspects en fin de matinée dans une Renault Clio grise, le même modèle que celui volé par les suspects mercredi à Paris.

Dans ce contexte, le relèvement du niveau d'alerte du plan Vigipirate, qui concernait depuis mercredi la seule région Ile-de-France, a été étendu à la région Picardie.

Un reporter de Reuters à Crocy (Aisne), tout près de Villers-Cotterêts, a vu des gendarmes du GIGN fortement armés procéder à des fouilles maison par maison dans cette région très boisée, et un hélicoptère survoler les lieux.

Au ministère de l'Intérieur, on soulignait toutefois qu'il n'y avait "pas de localisation" des suspects, ajoutant que, contrairement à ce qu'affirmaient certains médias, la voiture des suspects n'avait pas été retrouvée dans la région.

"Il y a des témoignages qui laissent penser que..., donc on continue de creuser la piste", a ajouté cette source.

De spectaculaires renforts policiers étaient visibles jeudi aux portes de Paris, conséquence à la fois du plan Vigipirate désormais à son plus haut niveau et des diverses informations reçues par la police.

"On prend toutes les précautions. Il y a un phénomène de psychose et on ne peut prendre aucune information à la légère", a-t-on souligné de source policière.

CONSULTATIONS POLITIQUES

Jeudi était une journée de deuil national en France et François Hollande a entamé des consultations politiques.

Il a commencé par recevoir le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, à qui il a dit son intention d'améliorer les dispositifs de sécurité en France.

"Comme moi, il est convaincu de la nécessité de hausser notre niveau de vigilance et d'adapter notre dispositif de protection des Français à l'évolution de la menace", a dit l'ancien président à des journalistes.

Vendredi, ce sera au tour des dirigeants des partis politiques ne disposant pas d'un groupe au Parlement, comme le Front national, d'être reçus par le chef de l'Etat.

L'ensemble des organisations musulmanes de France, qui se sont réunies jeudi à Paris, ont invité les musulmans de France à s'associer à la minute de silence "en mémoire des victimes du terrorisme" à laquelle François Hollande a appelé.

Elles ont en outre demandé aux imams de toutes les mosquées de France de "condamner avec la plus grande fermeté la violence et le terrorisme d'où qu'ils viennent, lors du prêche de la grande prière du vendredi", et aux fidèles qui en sortiront d'observer un "rassemblement digne et silencieux à la mémoire de nos compatriotes, victimes du terrorisme".

Selon les services du Premier ministre, la manifestation de soutien aux victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo aura lieu dimanche -- et pas samedi comme prévu -- afin d'assurer les meilleures conditions de mobilisation et de sécurité. L'opposition UMP et UDI a annoncé qu'elle y participerait.

© Reuters. LA POLICE POURSUIT SA TRAQUE DES TUEURS DE CHARLIE HEBDO

L'attaque de Charlie Hebdo est la plus meurtrière commise en France depuis les vagues d'attentats islamistes à Paris en 1986 (12 morts dans une dizaine d'attentats) et 1995 (huit morts et près de 120 blessés dans le RER B à la station Saint-Michel.

(Avec Nicolas Bertin et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse et Jean-Baptiste Vey) 2015-01-08T164048Z_1007180001_LYNXMPEB070RD_RTROPTP_1_OFRTP-FRANCE-CHARLIE-HEBDO-ENQU-TE.JPG urn:newsml:onlinereport.com:20150108:nRTROPT20150108164048LYNXMPEB070RD LA POLICE POURSUIT SA TRAQUE DES TUEURS DE CHARLIE HEBDO OLFRTOPNEWS Reuters France Online Report Top News 20150108T135921+0000 20150108T164048+0000

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