Clients et salariés de la Société Générale et de BNP Paribas faisaient preuve d'une grande sérénité vendredi après les rumeurs de marché qui ont particulièrement visé les deux banques ces derniers jours, mais des employés de la Générale ne cachaient pas leur "écoeurement" d'être à nouveau pris pour cible.
Les valeurs bancaires françaises ont sévèrement chuté à la Bourse de Paris mercredi et jeudi, la Société Générale perdant jusqu'à 22,5%.
En cause, plusieurs rumeurs --démenties depuis-- évoquant la prochaine faillite de la Société Générale, des provisions supplémentaires à cause de la Grèce chez BNP Paribas ou encore l'abaissement de la note de la France qui n'ont fait qu'attiser les craintes.
Du côté des salles de marchés en tous cas. Car, côté clients, c'est plutôt la sérénité à l'instar de Christine, aide-soignante de 35 ans, et Flore-Nathalie, assistante commerciale de 38 ans.
"La crise est mondiale. On entend parler des banques françaises parce qu'on est en France, mais c'est pareil ailleurs", a relevé la première, cliente de BNP Paribas.
"Je ne suis pas plus inquiète que ça. Je ne serais pas directement concernée (par une éventuelle faillite, ndlr) car je suis toujours à découvert", a expliqué la seconde.
Pour un retraité de BNP Paribas, s'exprimant sous couvert d'anonymat devant son agence parisienne, "ce n'est qu'une crise de court terme. Les banques françaises sont solides".
Reste que Lounes, client de BNP Paribas âgé de 78 ans, se fait un peu de mouron mais ne veut pas "retirer (son) argent pour un oui ou pour un non. C'est pareil pour toutes les banques".
Le PDG de la Société Générale Frédéric Oudéa a très rapidement fait le tour des médias pour démentir les rumeurs, ce qui a "rassuré". "J'ai vu un flash à la télé et je me suis inquiété mais, juste après, le patron de la banque a dit que ce n'était pas vrai. Ca m'a rassuré", a expliqué un quinquagénaire, sans vouloir être identifié.
Des déclarations rassurantes qui ont également remis du baume au coeur des employés, auxquels M. Oudéa a adressé un message par email. "En 2008, avec l'affaire Kerviel, nous n'étions pas informés. C'est important de savoir que la direction est derrière nous", a confié à l'AFP une responsable d'agence en province.
"On n'est pas stressé parce qu'on a l'habitude. Dès qu'il y a un souci, la Société Générale perd beaucoup plus que les autres depuis Kerviel", ajoute une conseillère d'une agence parisienne.
Dans leurs agences, comme dans l'une des agences BNP Paribas à Paris, les clients ne se soucient pas de ces soubresauts car "ils ont l'habitude des rumeurs" et "ils n'ont en général pas beaucoup d'argent sur leur compte".
"Ceux qui ont des actions sont très informés, ils savent très bien que l'on ne fera pas faillite", a relevé la conseillère.
Chez BNP Paribas, "il n'y a pas vraiment de réaction" des clients. "Les Français ne s'affolent plus" car ce n'est pas la première fois que les banques sont sur la sellette "et qu'il ne se passe rien", a noté René Renard, du syndicat FO.
Mais ces derniers événements ont généré de nouveaux comportements, plutôt inattendus: "Des clients qui n'ont jamais investi en Bourse, estimant qu'il y a un coup à faire, demandent qu'on leur achète des valeurs financières", a relevé la responsable d'agence. Un client parisien a même vendu ses Sicav monétaires (placement peu risqué) pour acheter des actions bancaires, selon la conseillère.