PARIS (Reuters) - La France a réclamé mercredi la libération de deux chercheurs français arrêtés en juin dernier en Iran, exhortant Téhéran à mettre fin "sans délai" à une "situation inacceptable".
Le Quai d'Orsay a confirmé l'arrestation de Roland Marchal, que Le Figaro avait révélée mardi soir. Elle s'ajoute à celle de sa collègue Fariba Adelkhah, déjà confirmée en juillet par la France.
"Nous souhaitons que les autorités iraniennes se montrent transparentes dans ce dossier et agissent sans délai pour mettre fin à cette situation inacceptable", a déclaré la porte-parole Agnès Von Der Mühll lors d'un point de presse électronique. "Les autorités françaises sont pleinement mobilisées, et le demeureront jusqu’à la libération de nos deux compatriotes."
Le Fonds d'analyse des sociétés politiques (Fasopo), dont Roland Marchal et Fariba Adelkhah sont membres fondateurs, a déclaré dans un communiqué que l'arrestation concomitante des deux chercheurs semblait remonter au 5 juin dernier.
La nouvelle avait été tue afin de ne pas compliquer les négociations. L'arrestation de Fariba Adelkhah avait toutefois été divulguée en juillet par des réseaux sociaux proches des "réformateurs" iraniens, rappelle l'association de recherche.
Les deux scientifiques sont détenus dans une aile de la prison d'Evin, à Téhéran, gérée par les Gardiens de la Révolution et bénéficient tous deux de l'assistance d'un avocat, selon le Fasopo.
Le consul de France à Téhéran a pu rendre visite à Roland Marchal, non à Fariba Adelkhah, une anthropologue franco-iranienne dont le "gouvernement iranien ne reconnaît pas la nationalité française, conformément à sa doctrine".
"ARRESTATIONS ARBITRAIRES"
"Rien ne justifie l'incarcération de Fariba Adelkhah et Roland Marchal. Ces derniers ont des activités strictement universitaires, n'ont aucun lien avec quelque service de renseignement que ce soit, ne mènent aucune activité politique en Iran", a ajouté l'association.
L'Iran a pour l'heure refusé d'entendre les appels de la France à la libération de Fariba Adelkhah, les qualifiant d'ingérence dans les affaires intérieures de la République islamique.
Le 9 octobre dernier, la France a diffusé une mise en garde aux ressortissants français contre tout projet de voyage en Iran "en raison notamment des pratiques d’arrestation et de détention arbitraires de la part des services de sécurité et de renseignements iraniens".
Rappelant que les arrestations d'universitaires étrangers se sont multipliées ces derniers mois, le Fasopo réclame quant à lui "la suspension de toute coopération scientifique et culturelle avec l'Iran, à l'exclusion de l'accueil des étudiants iraniens qui n'ont pas à être pris en otages des agissements de leur gouvernement".
Un autre incident susceptible de nourrir les tensions entre Paris et Téhéran s'est produit lundi avec l'annonce par les gardiens de la Révolution de la capture de Rouhollah Zam, un journaliste et opposant iranien vivant en France depuis une dizaine d'années accusé par l'unité d'élite iranienne d'avoir mené une opération destinée à "propager le mensonge".
Rouhollah Zam dispose en France d’un statut de réfugié et bénéficie donc d’un titre de séjour délivré dans le cadre d’une procédure d’asile, a précisé mercredi Agnès Von Der Mühll. "Nous suivons ce dossier avec vigilance."
(John Irish, avec Jean-Stéphane Brosse, édité par Sophie Louet)