par Kate Holton et Elizabeth Piper
LONDRES (Reuters) - Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'accrochait toujours au pouvoir jeudi en dépit des démissions en cascade au sein de son gouvernement et malgré une première déclaration de candidature à sa succession, celle de la procureure générale pour l'Angleterre et le pays de Galles, Suella Braverman.
Au cours des dernières 48 heures, une cinquantaine de personnes ont annoncé quitter le gouvernement - quatre ministres de premier plan, des ministres délégués et des secrétaires d'Etat, ainsi que des parlementaires exerçant des fonctions officielles liées au gouvernement - en mettant explicitement en cause le Premier ministre, désormais jugé inapte à conduire le pays dans le sillage d'une série de scandales.
Dernier départ en date, celui du ministre de l'Irlande du Nord, Brandon Lewis. L'annonce de sa démission tôt jeudi matin porte à quatre le nombre de ministres de premier plan ayant jeté l'éponge, après le départ fracassant mardi soir de Rishi Sunak (Finances), Sajid Javid (Santé) et la démission mercredi soir de Simon Hart, ministre du Pays de Galles.
"Il est clair que notre parti, nos collègues parlementaires, les bénévoles et l'ensemble du pays méritent mieux", a-t-il déclaré.
De plus en plus isolé, Boris Johnson est également confronté à la fronde de dizaines de membres de son Parti conservateur et la procureure générale pour l'Angleterre et le pays de Galles, Suella Braverman, l'a appelé mercredi à démissionner en annonçant qu'elle souhaitait lui succéder à la tête des Tories.
"Je pense que le temps est venu pour le Premier ministre de démissionner", a-t-elle déclaré dans un entretien accordé à ITV en précisant qu'elle resterait à son poste mais qu'elle comptait participer à une éventuelle course pour prendre la tête du Parti conservateur.
Boris Johnson a rejeté les appels à sa démission mercredi lors d'une séance houleuse au Parlement. "Je ne démissionnerai pas", a-t-il déclaré devant une commission parlementaire.
Il a également opposé une fin de non-recevoir à une délégation de ministres et de représentants conservateurs non membres du gouvernement venue mercredi soir à Downing Street pour lui demander de partir la tête haute.
Il continue de camper sur ses positions et a même limogé mercredi le ministre du Logement Michael Gove, qui l'avait appelé à démissionner selon des médias britanniques.
Aux dires d'un allié du Premier ministre cité par le journal The Sun, les frondeurs du Parti conservateur ne pourront pas se débarrasser de Boris Johnson sans "avoir du sang sur les mains".
(Rédigé par Michael Holden, version française Myriam Rivet, édité par Jean-Stéphane Brosse)