Par David Wagner
Investing.com – Selon plusieurs analystes, et selon l’avis général du marché, la baisse de taux surprise annoncée par la Fed hier n’est que la première d’une série de réductions qui devrait se poursuivre rapidement.
On relèvera notamment que d’après le baromètre des taux de la Fed Investing.com, le marché anticipe une probabilité de 100% de voir la Fed abaisser ses taux à nouveau lors de sa réunion du 18 mars.
Plus important encore, la probabilité que les taux US tombent à zéro d’ici la fin de l’année a progressé à plus de 42%, avec même 10.5% de chances que la Fed ait recours aux taux négatifs d'ici là.
Il faut en effet avouer que la réaction des marchés face à la baisse de taux hier, avec le S&P 500 et le Dow Jones qui ont tous deux chuté de plus de 2% en clôture, montre que la Fed devra faire davantage si elle souhaite réellement soutenir les bourses.
Les marchés semblent donc exiger davantage d'actions, même si les dommages causés par le coronavirus n'apparaissent pas encore dans les données.
Le président de la Fed, Jerome Powell, a cherché à apaiser une certaine anxiété mardi lorsque, lors d'une conférence de presse après la baisse de taux, il a déclaré que lui et le FOMC sont "prêts à utiliser les outils et à agir de manière appropriée, en fonction du déroulement des événements".
Mais comme on a pu le voir, les actions ont fortement chuté pendant et après ses commentaires.
Pourquoi les bourses US ont chuté malgré la baisse des taux de la Fed ?
Une source de déception est sans doute liée au fait que Powell a indiqué qu'il ne prévoyait pas que la Fed élargirait son bilan par des achats d'actifs - l'assouplissement quantitatif - en réponse aux conditions actuelles.
L’autre raison qui pourrait expliquer la chute des marchés serait que par son action extraordinaire, hors réunion de de politique monétaire, la Fed aurait montré au marché qu’elle est bien plus inquiète qu’il ne le pensait.
"Ce qu'ils auraient dû faire, c'est dire que nous allons faire tout ce qu'il faut", a déclaré George Selgin, directeur du Centre pour les alternatives monétaires et financières du Cato Institute. "Le chemin à suivre qui est plus important que le pas à faire immédiatement".
L'approche "quoi qu'il en coûte" ferait écho à la promesse faite en 2012 par le président de la BCE, Mario Draghi, de tout mettre en œuvre pour résoudre la crise de la dette du continent.
Cette promesse a été largement considérée comme contribuant à endiguer la panique liée au risque d’éclatement de la Zone Euro.
Selgin a estimé que la Fed aurait dû adopter une approche similaire, avec une réduction d'un quart de point seulement, mais avec la promesse de tout faire pour s'assurer que la situation du coronavirus ne crée pas de plus grands ravages.
De nouvelles baisses de taux en mars et avril ?
Les banques Citigroup (NYSE:C) et Bank of America (NYSE:BAC) s'attendent toutes deux à ce que la Fed abaisse ses taux de 0.25% de plus lors de la réunion de mars.
La BofA prévoit une autre réduction similaire en avril, tandis que Citi prévoit de son côté soit 50 points de base en mars, soit 25 points de base chaque mois.
"D'autres réductions pourraient être plus controversées car certains membres de la commission voudront attendre de voir comment les 50 points de base (et 75 points de base de l'année dernière) vont se frayer un chemin dans l'économie", a déclaré Andrew Hollenhorst, économiste chez Citigroup, dans une note.