par Christian Levaux
LA HAYE (Reuters) - La contestation contre la réforme des retraites en France s'est invitée jusqu'aux Pays-Bas, mardi à La Haye, où des manifestants ont interrompu un discours d'Emmanuel Macron et interpellé bruyamment le chef de l'Etat.
"Je crois que nous avons perdu quelque chose. Où est la démocratie française ?", s'est écrié un homme en citant la loi sur les retraites ou le changement climatique, alors que le président français s'apprêtait à prononcer un discours sur l'avenir de l'Europe devant le Nexus Institute, un groupe de réflexion néerlandais.
Plusieurs manifestants ont déroulé depuis un balcon une banderole avec l'inscription en anglais "President of violence and hypocrisy" (président de la violence et de l'hypocrisie).
Arrivé mardi aux Pays-Bas pour une visite d'Etat de deux jours, Emmanuel Macron fait face depuis des semaines à une vive contestation en France sur son projet de réforme des retraites, qui prévoit le report de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans.
Une banderole proclamant "On battra pas en retraite" avait déjà été déployée lors d'une cérémonie devant le palais royal d'Amsterdam dans la matinée.
A La Haye, Emmanuel Macron a tenté de se faire entendre pendant plusieurs minutes face à ses contradicteurs.
"Je peux répondre à cette question si vous me donnez un peu de temps", a-t-il dit. "Vous votez et vous élisez des personnes (...) La contrepartie est que vous devez respecter les institutions votées par le peuple", a-t-il ajouté.
"Le jour où vous considérez que 'je ne suis pas d'accord avec la loi donc je peux faire ce que je veux' (...) vous mettez la démocratie en danger."
Le président de la République a ensuite entamé son discours, pendant que les manifestants étaient évacués, selon des journalistes présents dans la salle.
Pendant son allocution, prononcée en anglais, Emmanuel Macron a de nouveau défendu la réforme des retraites.
"Quand je compare, (les opposants français à la réforme) devraient être moins en colère à mon égard, car dans votre pays, c'est beaucoup plus élevé, et dans beaucoup pays d'Europe, c'est beaucoup plus élevé que 64 ans", a-t-il insisté.
Le texte de loi prévoyant de réformer les retraites a été adopté sans vote le mois dernier à l'Assemblée nationale après le recours à l'article 49.3 de la Constitution.
Une nouvelle journée de mobilisation à l'appel des syndicats est programmée jeudi, à la veille de la décision que doit rendre le Conseil constitutionnel sur le texte.
(Rédigé par Ingrid Melander, Blandine Hénault pour la version française, édité par Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian)