par Philip Pullella et Robert Muller
BRATISLAVA (Reuters) - Lors d'une visite en Slovaquie lundi, le Pape François a mis en garde contre une focalisation sur les droits individuels et les guerres culturelles au détriment de l'intérêt commun, dans un contexte du nationalisme accru en Europe de l'Est.
Il s'agit du premier voyage du souverain pontife, 84 ans, depuis qu'il a été opéré de l'intestin en juillet. À l'occasion de cette première visite papale en Slovaquie depuis 2003, François est revenu sur un thème qu'il avait abordé lors d'une escale dimanche en Hongrie: les nations doivent éviter d'être égoïstes et de se replier sur elles-mêmes, a souligné le pape, qui a rappelé également le passé communiste de la région.
"Dans ces pays, il y a quelques décennies, un seul système de pensée (le communisme) étouffait la liberté. Aujourd'hui, un autre système (...) vide la liberté de son sens, réduisant le progrès au profit et les droits aux seuls besoins individuels", a déclaré François.
"La fraternité est nécessaire dans le cadre du processus de plus en plus pressant de l'intégration (européenne), a-t-il ajouté en s'adressant à la présidente slovaque, Zuzana Caputova, ainsi qu'à d'autres responsables officiels et diplomates dans les jardins du palais présidentiel.
La Slovaquie, l'une des composantes de la Tchécoslovaquie à l'époque communiste, a obtenu son indépendance de Prague en 1993. Les pays d'Europe de l'Est ont depuis prospéré, mais leur intégration dans l'Union européenne a également coïncidé avec une flambée nationaliste alimentée par l'immigration illégale, impliquant souvent des musulmans du Moyen-Orient et d'Afghanistan.
Les voisins de la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne, sont en conflit avec l'UE en raison de leur position intransigeante sur l'immigration, leurs réformes judiciaires et les restrictions imposées aux médias.
Le pape a souvent appelé à des solutions européennes face à la crise des migrants et a critiqué les gouvernements qui tentent, comme la Hongrie, d'y répondre par des actes unilatéraux et isolationnistes.
"Notre regard chrétien sur les autres refuse de les considérer comme un fardeau ou un problème, mais plutôt comme des frères et sœurs à aider et à protéger", a ajouté lundi le Pape lundi, qui s'exprimait dans un pays à 65% catholique.
(Reportage Philip Pullella; version française Olivier Sorgho, édité par Jean-Michel Bélot)