Investing.com - Selon Bloomberg Intelligence, les paiements d'intérêts annualisés estimés sur la dette publique américaine ont dépassé les 1 000 milliards de dollars à la fin du mois d'octobre.
Calculé à partir des données du Trésor américain, qui révèlent les encours mensuels de la dette et les coûts d'intérêt moyens, le coût annualisé de la dette du mois dernier a doublé au cours des 19 derniers mois et équivaut à 15,9 % de l'ensemble du budget fédéral pour l'année fiscale 2022.
"Cette proportion élevée de paiements d'intérêts par rapport aux dépenses fédérales a un précédent, puisque la part avant 2000 était supérieure à 14 % dans la plupart des années", ont écrit les analystes de Bloomberg Intelligence dans une note publiée mardi. "Le défi pour le gouvernement est de tempérer les dépenses obligatoires et d'essayer de réduire la nécessité d'émettre plus de dette. C'est la raison pour laquelle nous voyons les paiements d'intérêts augmenter même si nous prévoyons des rendements du Trésor plus faibles."
Le rythme des paiements d'octobre suggère que les coûts du service de la dette s'accélèrent rapidement dans un contexte de déficits fédéraux croissants.
Le gouvernement fédéral a clôturé son exercice fiscal 2023 en septembre en ayant dépensé 659 milliards de dollars en paiements d'intérêts, contre 476 milliards de dollars pour l'exercice 2022 et 352 milliards de dollars pour l'exercice 2021.
La campagne agressive de relèvement des taux de la Réserve fédérale a fait grimper le coût du crédit pour les emprunteurs dans l'ensemble de l'économie, et le gouvernement américain ne fait pas exception à la règle. Des coûts d'emprunt plus élevés signifient que le gouvernement paie plus d'intérêts sur sa dette.
L'augmentation des paiements d'intérêts sur la dette américaine crée une boucle de rétroaction vicieuse : pour attirer de nouveaux emprunteurs, les rendements des bons du Trésor doivent augmenter pour adoucir l'affaire, et des rendements plus élevés aggravent les coûts d'emprunt déjà élevés sur une dette totale qui dépasse aujourd'hui les 33 000 milliards de dollars.
C'est une mauvaise nouvelle pour les bons du Trésor, qui ont subi un effondrement historique au cours des dernières années.
Selon des experts du marché comme Ed Yardeni, cette vente massive d'obligations a été en partie stimulée par les préoccupations croissantes concernant l'accumulation de la dette américaine, alors que les "justiciers obligataires" ont fait leur retour. L'abaissement de la note de crédit du gouvernement américain par l'agence de notation Fitch cet été n'a pas arrangé les choses.
"Depuis que la note de la dette publique a été abaissée le 1er août, les gens se concentrent sur la question du déficit", a déclaré M. Yardeni. "Si l'inflation reste stable, je pense que nous aurons un réel problème et mes amis, les justiciers obligataires, devront peut-être entrer en action pour convaincre les politiciens qu'il faut faire quelque chose de plus fondamental pour réduire les perspectives à long terme du déficit.
Si la dette américaine n'est pas maîtrisée au cours des prochaines décennies, un défaut de paiement sous une forme ou une autre pourrait être inévitable, selon un modèle budgétaire de Penn Wharton.