Investing.com - Beaucoup de doute s'est installé au niveau des attentes des marchés quant aux décisions à venir des banques centrales au niveau de leurs politiques monétaires.
En effet, les indicateurs économiques ne sont pas toujours en phase avec les prévisions des institutions et s'affichent parfois avec des valeurs divergentes comme on l'a vu pour le marché de l'emploi et l'inflation.
Des attentes différentes selon les régions
Dans ce sens, la Deutsche Bank (DE:DBKGn) a mené une enquête sur le sentiment du marché auprès de plus de 600 professionnels de l'investissement. Parmi les sondés, 42% s'attendent à ce que la Fed reste légèrement dovish, tandis que 24% prévoient qu'elle mènera une politique moyenne et 33% prévoient une orientation plus hawkish.
Du côté européen, on attend une politique souple de la part de la BCE à 46%, contre 26% qui pensent que la politique du bloc monétaire commun sera moyenne et 21% qui voient un resserrement prématuré ou excessif.
Outre-manche, 45% des personnes interrogées estiment que la Banque d'Angleterre passera à un resserrement de sa politique monétaire, contre 20% qui pensent que la politique sera moyenne et 20 % qui pensent qu'elle sera "dovish".
Il est à rappeler que les décideurs des banques centrales gardent un ton prudent, semblant adopter une approche attentiste vis-à-vis de l'inflation et de la perspective d'un relèvement des taux. Toutefois, la Banque d'Angleterre reste la plus ferme en avançant qu'elle "devra agir" face à la hausse de l'inflation.
La BCE reste prudente
La BCE a déclaré que "la prudence reste de mise" bien que les perspectives économiques se soient améliorées. "Nous surveillons de très près l'accumulation des risques sur les bilans des banques".
L'institution a noté que parallèlement à la "détérioration de la qualité des actifs", la "recherche excessive de rendement" des banques alimentait la demande croissante de levier financier, augmentant ainsi le risque de marché. "Un ajustement soudain des rendements, déclenché par exemple par une modification des attentes des investisseurs en matière d'inflation et de taux d'intérêt, pourrait dans ce contexte entraîner des corrections du prix des actifs et des pertes directes et indirectes pour les banques".
La BCE a d'ailleurs reporté un certain nombre de décisions importantes à décembre, tandis que, la flambée des prix de l'énergie a fait grimper l'inflation de la zone euro à 3,4% en glissement annuel. En résultat, les responsables de la banque sont de plus en plus divisés sur la direction à prendre. Cependant, la présidente Christine Lagarde plaidera probablement en faveur du maintien d'une position très accommodante lors de la réunion d'octobre, selon HSBC (LON:HSBA).
La Banque d'Angleterre plus agressive malgré les risques économiques
Entre-temps, la Banque d'Angleterre restera partagée entre l'expansion globale de l'activité économique et les signes d'une décélération au troisième trimestre, et les risques croissants au quatrième.
Le PIB du Royaume-Uni a augmenté de seulement 0,4% en août. Toutefois, la croissance plus faible du troisième trimestre fait suite à une révision à la hausse de la croissance annuelle du deuxième trimestre, qui est passée de 4,8% à 5,5%.
Selon AXA (PA:AXAF) Investment Managers, l'économie anglaise est confrontée à certains obstacles. "À première vue, le ralentissement marqué de l'activité économique au troisième trimestre devrait servir de mise en garde contre un resserrement trop rapide de la politique monétaire, d'autant plus que le PIB semble devoir faire face à des vents contraires continus dus à la hausse des prix des services publics, aux réductions du crédit universel et aux augmentations éventuelles de l'assurance nationale, qui pèsent tous sur les revenus des ménages au cours d'un hiver qui risque d'être difficile ".
La firme s'attend à un resserrement préventif de la politique monétaire. "Nous modifions nos prévisions pour envisager une première hausse (0,15% à 0,25%) par la BoE en février prochain. Nous envisageons ensuite une deuxième en août (à 0,50%) et une troisième en mai 2023 (à 0,75%). Cependant, les marchés des taux d'intérêt à court terme envisagent un rythme plus rapide, y compris une première hausse en décembre de cette année et une tarification presque complète d'une hausse à 1,00 % d'ici fin 2022."
La Fed sur le point de lancer le tapering
Les données d'inflation élevées ont soutenu les spéculations sur le fait que la Réserve fédérale américaine pourrait relever ses taux plus tôt que prévu. Le procès-verbal de la dernière réunion de la Fed a indiqué qu'elle pourrait commencer à réduire ses achats mensuels d'obligations à partir du mois prochain.
L'indice des prix à la consommation américain a augmenté de 0,4% en septembre en glissement mensuel et de 5,4% en glissement annuel, selon les chiffres du département du travail.
Toutefois, le président de la Fed de Richmond, Thomas Barkin, a déclaré la semaine dernière que davantage de données économiques étaient nécessaires avant que la Fed puisse commencer à envisager des hausses de taux.
M. Barkin a indiqué qu'il était enclin à commencer le processus de tapering en novembre, les risques d'inflation croissants étant au premier plan.
Les responsables de la Fed ont souligné que, même après le début de l'assouplissement, il faudra un certain temps avant de commencer à relever les taux d'intérêt.