Yemenia a menacé mardi de "réexaminer" une commande de dix A350 en cas de "pressions" et de "non coopération" de la France et de l'avionneur Airbus dans l'accident de l'A310 qui s'est abîmé en mer le 30 juin près des Comores.
Interrogé par l'AFP, le PDG de la compagnie yéménite, Abdelkhaleq Al-Qadhi, a dénoncé l'attitude "dure" de la France et d'Airbus envers la compagnie nationale yéménite, "injustement" montrée du doigt dans l'accident qui a fait 152 morts.
"Si l'attitude de la France continue d'être aussi dure et si les pressions se poursuivent sur Yemenia sans qu'on attende les résultats de l'enquête (...) nous serons dans l'obligation de réexaminer notre commande (de dix A350 ndlr) car nous estimons que la France et Airbus ne sont pas coopératifs avec nous", a averti M. Al-Qadhi.
Yemenia avait confirmé en novembre 2007 une commande de dix Airbus A350 pour un montant estimé à deux milliards de dollars.
Airbus a réagi en indiquant qu'il était contraint de fournir en priorité aux autorités des Etats concernés les éléments nécessaires pour élucider l'accident.
"Dans la mesure où il y a une enquête en cours, on ne peut pas intervenir auprès de la compagnie", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'avionneur européen.
De son côté, le secrétariat aux Transports n'a pas souhaité faire de commentaire avant le déplacement du Premier ministre, François Fillon, samedi à Moroni.
Depuis l'accident, de nombreux Comoriens ont exprimé leur colère qualifiant de "vols-poubelle" certains avions à destination de l'archipel. Ils reprochent à Paris d'avoir négligé leur sécurité alors que l'état de l'appareil et son entretien soulèvent des questions.
L'Airbus A310 de Yemenia n'avait pas été formellement interdit en France mais n'y était pas revenu depuis un contrôle négatif en 2007.
L'A310 effectuant la liaison Sanaa-Moroni s'est abîmé en mer près des côtes des Comores peu avant son atterrissage, avec 153 personnes à bord. Seule une adolescente de 12 ans a survécu.
Les recherches pour retrouver l'épave sont "compliquées" et vont "prendre du temps", avait déclaré lundi l'ambassadeur de France aux Comores, Luc Hallade.
Samedi, Yemenia avait annoncé la suspension de tous ses vols pour Moroni, desservi via Sanaa, avant de revenir sur cette décision en maintenant les vols réguliers et en supprimant les liaisons additionnelles.