L'Union européenne (UE) et les États-Unis ont clos vendredi leur premier round de négociations sur un vaste accord de libre-échange, à l'issue d'une semaine jugée "productive" qui a permis d'identifier des "zones de divergence", notamment sur l'agriculture."Les négociateurs ont identifié des zones de convergence (...) et ont commencé à explorer les moyens de rapprocher leurs vues sur les points de divergence", a déclaré lors d'une conférence de presse le négociateur en chef européen, Ignacio Garcia-Bercero, aux côtés de son homologue américain, Dan Mullaney.Les discussions, qui visent à créer une des principales zones de libre-échange au monde, ont permis d'aborder une "vaste série de sujets" allant de la propriété intellectuelle à l'harmonisation des réglementations, sans oublier la très sensible question agricole.Les agriculteurs américains se plaignent des restrictions posées dans l'UE sur l'importation d'organismes génétiquement modifiés (OGM) ou de bœufs aux hormones. Leurs homologues européens, eux, ne peuvent toujours pas exporter la moindre viande de bœuf ou de veau aux États-Unis, qui ont maintenu leur embargo depuis la crise de la vache folle."Nous avons des difficultés à accéder au marché américain en raison des obstacles phyto-sanitaires que nous jugeons injustifiés", a déclaré le négociateur européen. En première ligne sur le dossier, la France a déjà prévenu qu'elle voulait préserver une certaine "conception de l'agriculture" fondée notamment sur les appellations d'origine contrôlée et sur la protection de certaines filières.Vendredi, le négociateur américain a expliqué qu'un "temps considérable" avait été consacré à l'agriculture durant cette première semaine et s'est dit lui aussi déterminé à "régler les problèmes" liés à ces barrières non-douanières. "Ces questions vont rester une préoccupation", a-t-il ajouté."On n'est pas naïfs"C'est tout l'enjeu de ces discussions, qui reprendront en octobre à Bruxelles : éliminer les obstacles qui entravent les échanges entre les États-Unis, première puissance mondiale, et l'Union européenne, son principal partenaire commercial.Les barrières douanières ne posent pas vraiment problème: elles sont déjà très faibles de part et d'autre de l'Atlantique, en-dessous de 3% en moyenne, et leur suppression fait l'objet d'un relatif consensus. Les tractations s'annoncent plus difficiles sur les barrières réglementaires, à savoir les normes exigées par les autorités pour autoriser la vente d'un produit (médicaments, voitures...) sur leur territoire. Une harmonisation générale (notamment sur le voltage 110V/220V ou le système métrique) n'est toutefois pas au programme."Ce premier round n'était pas purement logistique", a confié une source diplomatique européenne, assurant que des moyens concrets d'accélérer les transactions commerciales (délai de dédouanement...) avaient été évoqués.L'agriculture n'est pas le seul sujet de friction. L'ouverture à la concurrence des marchés publics dans les États fédérés américains inquiète certains industriels aux États-Unis tandis que le secteur audiovisuel a été, à l'initiative de la France, exclu du mandat confié à la Commission.Interrogé sur ce point, le négociateur européen s'est contenté de dire qu'il avait expliqué son "mandat" à ses homologues américains. M. Mullaney s'est montré tout aussi vague, assurant toutefois qu'un "panorama complet" avait été effectué sur la question des services dont l'audiovisuel fait partie.Les deux négociateurs ont évacué une autre question sensible: les révélations sur l'espionnage de bureaux de l'UE par les Américains, qui menaçaient de faire vaciller les négociations, n'ont pas été "abordées" pendant cette semaine, ont-ils dit en chœur pendant la conférence de presse.Afin de désamorcer la polémique, cette question avait été évoquée lundi à Washington lors d'une réunion distincte entre des représentants de la Commission des 28 États-membres de l'UE et des responsables américains."Cela n'a pas d'effet matériel sur les négociations commerciales", a commenté la source européenne, réfutant toute naïveté de Bruxelles sur cette question. "On n'est pas naïfs et on est habitué à mener des négociations commerciales avec des pays qui sont très actifs dans le domaine du renseignement", a-t-elle ajouté.Tout en réaffirmant leur détermination, les deux négociateurs se sont refusés à fixer toute échéance pour la fin des discussions, alors que l'objectif d'un accord conclu fin 2014 avait été évoqué par la Commission européenne. "Nous voulons avancer rapidement", a simplement commenté M. Mullaney.