Le président de la BCE Mario Draghi a salué jeudi l'efficacité de sa politique monétaire ultra-accommodante mais aussi signalé que des taux très bas de manière prolongée pouvaient présenter "l'effet secondaire" de faire épargner plus et consommer moins.
S'exprimant lors d'une conférence au Fonds Monétaire International à Washington, M. Draghi a affirmé que les achats d'actifs entamés par la BCE "avaient montré leur efficacité jusqu'ici, davantage que bien des observateurs ne l'avaient anticipé".
Il a répété que ce programme d'assouplissement quantitatif qui vise à encourager la reprise en conservant des taux bas et à contrer les risques de déflation, serait appliqué "dans son entier".
"Nous appliquerons le programme de rachats d'actifs dans son entier comme annoncé et de toute façon jusqu'à ce que l'on voie un ajustement durable de la trajectoire de l'inflation", a-t-il affirmé.
"Notre stimulus monétaire restera en place aussi longtemps que nécessaire", a-t-il ajouté alors que des spéculations avaient couru en avril sur un arrêt prématuré de ces mesures extraordinaires.
Les rachats en masse de dette publique et privée par la BCE doivent se poursuivre jusqu'à au moins septembre 2016 au rythme de 60 milliards d'euros par mois.
Evoquant "les effets secondaires" d'une politique continue de taux d'intérêt très bas, M. Draghi a signalé qu'il fallait être attentif à son impact sur la distribution des richesses et les allocations de ressources. "Il devient important que ces conséquences soit identifiées, pesées et y remédier quand nécessaire", a-t-il affirmé.
M. Draghi a mentionné qu'il fallait "être conscients du fait qu'une période trop prolongée de très bas taux d'intérêt réels peut avoir des conséquences indésirables dans des sociétés vieillissantes" où de nombreux ménages sont préoccupés à long terme par leur épargne-retraite.
"Pour ces retraités ou ceux qui épargnent pour la retraite, des taux bas d'intérêt ne sont pas un encouragement à consommer", a-t-il souligné. "Au contraire, cela motive à économiser davantage pour compenser le ralentissement de l'accumulation d'actifs", a poursuivi le patron de la BCE.
Aux Etats-Unis, où une politique monétaire ultra-accommodante est menée depuis plus de six ans, le rebond des dépenses des consommateurs ne semble toujours pas au rendez-vous malgré la baisse des prix des carburants qui aurait du libérer du pouvoir d'achat.
"Que se passe-t-il avec le consommateur ? C'est une énigme !", s'interrogeait récemment un responsable de la banque centrale américaine, Dennis Lockhart.
"La récente baisse des prix de l'essence aurait dû doper les dépenses. Au lieu de cela, on assiste à une vive augmentation, de près d'un point, du taux d'épargne au 1er trimestre qui est passé de 4,6% à 5,5%", avait-il signalé.
En visite à Washington, M. Draghi devait ensuite rencontrer jeudi le secrétaire américain au Trésor Jack Lew.