Le sort du patron de l'équipementier automobile allemand Continental, Karl-Thomas Neumann, dont l'actionnaire Schaeffler souhaite le départ dans une ambiance délétère, sera définitivement scellé le 12 août, a annoncé le groupe vendredi.
Lors d'une réunion marathon de l'organe de surveillance jeudi, l'interruption du contrat de M. Neumann "par consentement mutuel" n'a pas réuni les deux tiers des voix nécessaires, explique Continental dans un communiqué boursier.
Par conséquent, le conseil de surveillance va de nouveau se réunir le 12 août et "une décision est alors attendue", selon ce communiqué.
Cette fois, une majorité simple suffira à Schaeffler pour se débarrasser de M. Neumann, a précisé Werner Bischoff, syndicaliste IG BCE et membre du conseil de surveillance, cité par Dow Jones Newswires.
C'est en effet le groupe familial de Bavière (sud), incarné par la milliardaire Maria-Elisabeth Schaeffler, qui a cherché jeudi à obtenir le départ du patron, qu'elle avait pourtant contribué à mettre en place il y a moins d'un an, selon une source officieuse.
Mais cette tentative a échoué face à l'opposition des représentants des salariés, a indiqué un porte-parole du syndicat IG BCE.
Selon la presse, le groupe familial veut imposer l'actuel chef de la division automobile de Schaeffler Elmar Degenhart comme patron, et son directeur financier au poste équivalent chez "Conti".
Un porte-parole de Schaeffler n'a pas souhaité commenter les "spéculations et les rumeurs".
Les deux équipementiers se déchirent depuis des mois, alors que le groupe familial bavarois est beaucoup trop endetté pour mener leur rapprochement. L'an passé, Schaeffler a acheté 90% de Continental mais, en vertu d'un accord signé par les deux parties, Schaeffler en a conservé 49% et parqué le reste auprès des banques.
L'ancien chancelier Gerhard Schröder avait alors été choisi pour être le garant du respect de la charte entre les deux groupes. Vendredi, il a fait savoir au quotidien Die Welt qu'il avait téléphoné à Mme Schaeffler et au président du conseil de surveillance de Continental, Rolf Koerfer, proche de la veuve. Ce dernier "a assuré à M. Schröder que l'accord entre investisseurs vaut dans sa totalité".
Cette charte garantit l'indépendance relative de Continental et empêche théoriquement Schaeffler de changer le directoire ou de vendre des activités de façon unilatérale.
Continental doit rapidement trouver une issue pour assurer sa solidité financière, alors qu'il croule lui aussi sous environ 11 milliards d'euros de dettes. Jeudi soir, il a décidé d'une augmentation de capital pour 1,5 milliard d'euros maximum et de renégocier ses échéances avec les banques.
A la Bourse de Francfort, Continental chutait de 5,65% à 25,20 euros sur un indice MDax des valeurs moyennes en hausse de 0,38% à 12H00 GMT.